mercredi 25 mai 2011

Izotope RX : Restauration Rapide !!!


  • Allez, puisque parfois il est louable de vanter les mérites de certains produits, cette fois on s’y colle mais dans la sphère logicielle, avec le bundle de restauration audio signé Izotope, sobrement intitulé RX. Proposé sous la forme d’une suite complète regroupant un puissant logiciel en stand-alone et des plug-ins spécialisés pouvant s’importer dans n’importe quel séquenceur (Audio Unit, RTAS, VST etc…), RX se décline également sous deux versions différentes : Basic et Advanced. C’est la première monture qui nous intéresse aujourd’hui, elle est moins chère, et elle suffit largement pour 90% des applications nécessitant un peu de nettoyage.  Advanced pousse un peu les choses au niveau de la résolution de travail, incorpore un puissant outil de Dithering et bosse en 64bits.

  • Disons-le tout net, RX n’est pas un faiseur de miracle, il demeure un outil, mais un outil assez épatant, qui n’est définitivement pas à ranger dans la case « plug gadget » dont on ne se sert que les 36 du mois pour épater la galerie... « Tu vois cette explosion, bah je l’ai créée à partir d’un son de fondue à fromage ». Non non non, il s’agit d’un véritable outil de travail qui représente auprès de vos clients une réelle valeur ajoutée à vos montages/mixages, permettant de rattraper les prises de son critiques, voire complètement foirées. Honnêtement, il m’est arrivé de sauver des choses assez horribles (vous savez, ces boites de prod’ qui envoient des stagiaires faire un film ?), bref, des ITVs saturées, des problèmes de liaisons HF, des buzzs électriques énormes etc… En bref, j’aurais désormais le plus grand mal à m’en passer !

  • Passons à la dissection,  je vais prendre pour exemple le logiciel en stand-alone, qui regroupe dans une seule interface tous les modules de RX, à savoir :
  1. Declipper, qui permet de palier aux saturations excessives (ou pas) du signal.
  2. Declicker, bah… qui enlève les clicks, c’est ouf non ?
  3. Denoizer, spécialiste du souffle, parasites de liaison et autres artefacts aléatoires souvent situés dans le haut du spectre.
  4. Hum Removal, qui se concentre davantage sur les phénomènes reliés aux basses fréquences, effets de proximités, buzzs, problèmes de masse…
  5. Spectral Repair, sans doute l’outil le plus rigolo, spécialiste des frappes chirurgicales sur des bandes passantes fixées par l’utilisateur, qui va permettre entres autres de reconstruire un morceau manquant du signal par interpolation des données pre et post-traumatique…
  • Bref, des outils incontournables que l’on peut aussi retrouver sur des machines professionnelles horriblement chères, comme la gamme de chez Cedar. (comptez le prix d’une petite voiture)

  • Bon, passons à l’action, file/open etc… et on fait face à une interface plutôt jolie, sobre, complète et limpide. Toute cette grisaille s’illumine joyeusement lorsqu’on importe en ces terres numériques le précieux fichier audio tout pourri, qui ne demande qu’à renaître de ses cendres. Apparaît alors le waveform du fichier en question, superposé à son propre spectrogramme, c’est à dire la représentation graphique de son spectre fréquentiel. En bas les basses, en haut les aigus, les transitoires etc… le rendu est assez saisissant, et entièrement paramétrable suivant les préférences, échelle linéaire, logarithmique,  choix de la résolution, de la couleur, réglage de l’effet de transparence par rapport à la forme d’onde etc… On fait directement face à un outil super complet et de très bonne qualité, dans la mesure où les artefacts audio indésirable sont visibles en un clin d’œil, les clicks sautent à la figure, la frontière des 0dBFS est bien visible, et si une bande de fréquence soulève une anomalie,  vous la verrez !
 Ci-dessus une magnifique fréquence indésirable.
  • La suite est un jeu d’enfant, à l’aide des outils de zoom et de sélection, on sélectionne les zones à réparer, et on leur fait subir le traitement adéquat via les 5 modules précédemment cités. Izotope a également eu la très bonne idée d’intégrer un outil « find similar event ». Ainsi, quand vous sélectionnez un click et lui appliquez l’outil adéquat, le logiciel se chargera de repérer tous les autres afin de leur faire subir de même sort ! 

    • Concernant les modules en eux-mêmes, leur utilisation est assez simple. Le Declipper se règle en 5 secondes, tandis que les declicker et denoizer intègrent directement un outil de monitoring permettant d’écouter ce que le traitement retire comme informations. Par exemple, sur le declicker, l’option « listen output clicks only » vous permet de vérifier  que vous ne retirez que les clicks et pas le reste, impossible de se gourrer. Seul le Spectral Repair se montre plus pointu, car fonctionnant suivant 4 modes différents, au choix l’atténuation simple de la gamme de fréquence « abimée », le remplacement par une interpolation de l’audio l’entourant, le remplacement par une portion audio similaire présente ailleurs dans le fichier (Pattern) ou le remplacement en interpolant de façon séparée les harmoniques et les “bruits” présents de chaque côté de la sélection. Bref, pour le coup, la patience est maître mot, mais les fonctions « preview » et « compare » permettent d’arriver à ses fins, et franchement, ça en vaut largement la peine ! Pour le reste, chaque module présente des outils d’édition avancés, mais ça ne vaut pas souvent la peine de se frotter à des algorithmes délirants, les fonctions de base suffisent amplement! Les matheux  se réjouiront néanmoins de pouvoir triturer des paramètres pour le moins exotiques. 


    • Et puisqu’il ne suffit pas d’en parler, voici un petit test auquel je me suis adonné, concernant deux petits extraits d’un documentaire sur nos amis les bêtes. 
    Extrait 1
    • Passons un peu le Waveform au spectrogramme du RX. Comme je vous l’avais dit, les anomalies sautent aux yeux, surtout en échelle de mesure linéaire, comme c’est le cas sur cette photo.

    • Pour cet exemple, je me suis contenté des presets très basiques de RX, Declicker + Spectral Repair. Le tout a été fait en une trentaine de secondes. Comme vous pourrez l’entendre, le résultat est là, mais des artefacts assez dégueulasses découlent d’une opération faite à la va-vite. Pour l’exemple audio, vous avez son dégueulasse, son de baquette magique et son réparé. Bref, pas de magie ici, le coup de baguette manquait de panache!

    Extrait 2
    • Allez hop, on repasse le truc au spectrogramme, c’est tout aussi flagrant qu’auparavant. Ici on a même droit à des « harmoniques » indésirables, très visibles en échelle logarithmique. Ces saloperies couvrent toute la gamme fréquentielle à niveau fixe.

    • Pour ce second extrait je me suis appliqué, pour un temps de travail de 3-4mn, vous allez voir que le résultat en vaut la chandelle, la totalité des nuisances a été anéantie, et les résidus fréquentiels induits par les traitements sont à peine discernables. WIN !!!
     

    • Plutôt cool non ? Bon OK, ce ne sera jamais Hollywood, mais on part d’exemples très mal en point. Cet exercice aura le mérite de vous exposer l’efficacité des algorithmes proposés ici. Efficacité qui malgré tout se paye parfois au prix fort, avec des effets secondaires assez désagréables, et parfois comparables aux artefacts qu’engendrent des outils comme le Warp (ou elastic audio), c’est à dire un genre de modulation bizarre, qui semble affecter la fréquence, et par conséquence la phase. Ces effets apparaissent souvent en cas de traitement excessif sur des fichiers très abîmés, ou tout simplement de négligence envers les réglages du spectral repair. Nul doute que de ce point de vue, RX ne fait pas le poids face à du hardware dédié.
     Le fameux Cedar DNS3000
    • Les domaines d’application du RX sont par ailleurs très nombreux, restauration audio des prises de son problématiques évidemment, mais également vidéo ! Il est effectivement possible d’importer directement un grand nombre de formats vidéo différents, et d’y analyser leurs pistes sonores tranquillement. RX deviendra également le complément indispensable d’une installation dédiée à la numérisation de supports plus anciens, comme les vynils ou les divers supports à bande magnétique. Le design sonore pourra également profiter des possibilités délirantes du spectral repair. Entres autres la possibilité de calquer l’identité spectrale d’un son sur un autre, je vous laisse imaginer l’infinité de bidouilles créatives qui en découlent …
     
      • Allez, comme si cela ne suffisait pas… RX inclut également un make-up gain, un analyseur de spectre en temps réel et un EQ ! Sonorité assez neutre, efficace en utilisation soustractive, mais mieux vaut garder la main la main légère sur les gains, sous peine de faire apparaître des sonorités relativement métalliques, un peu à la manière des vieux EQs de chez Waves. Bref, mieux vaut garder cette tâche à un outil plus noble comme le Flux Epure ou le Sony Oxford EQ... RX, outil ultime donc ? Et bien oui et non. Oui car RX, regroupe une suite diablement efficace et fonctionnelle, et non, car Izotope vient de mettre au monde RX2 !!! On garde les acquis, et on optimise le tout, voici les principales améliorations :


      1. Outils d’édition avancés, il est désormais possible de bosser au sample près et de sélectionner des formes d’onde de manière très précise via des outils magnétiques similaires à ce que l’on trouve sur Photoshop et assimilés, là où RX premier du nom se contentait d’un simple rectangle.
      2. Le De-clicker inclut désormais un De-crakle, outil qui montre probablement ses avantages via la numérisation de supports audio anciens.
      3. Possibilité d’héberger en fonctionnement stand-alone des plugs au format AU ou VST, ce qui est franchement une bonne idée.
      4. Refonte total de l’analyseur de spectre, qui n’a plus rien à envier aux softwares dédiées.
      5. Nouveaux Algorithmes pour la quasi-totalité des modules, en particulier De-Noise et Spectral Repair, qui serait bien plus efficace qu’avant.
      6. Du time-pitch, des nouvelles fonctions de détection, d’intégration, de traitement etc… bref j’arrête là.


      • En conclusion, on fait face à un incontournable, qui s’adapte à toutes les situations ou presque. Demandant un certain temps d’adaptation, RX s’utilise avant tout avec sagesse, et ne pourra pas non plus faire de magie en cas d’audio en état désastreux. C’est au final un outil tout en finesse, qui ne demande qu’à être chatouillé dans le sens du poil. RX est proposé au tarif attractif de 349dollars, et si vous en avez l’utilité, la version Advanced en coûte quant à elle 1100. L’update de RX vers RX2 est proposé à une centaine de billets verts, ce qui est ma foi très compétitif au vu des nombreuses améliorations proposées,  pour ma part je ne vais pas tarder à franchir le pas. Les sceptiques pourront toujours se tourner vers la version d’évaluation disponible gratuitement sur le site du concepteur. Il est certain qu’il existe plus précis, plus pointu, mais est-ce réellement plus efficace ? Et surtout, à quel prix ???? Je ne demande qu’à comparer… Mais pour les petits problèmes de tous les jours en sortie de montage, ce logiciel vous apportera bien des soulagements. Bref, voilà une petite boîte qui se doit de figurer sur l’étagère de votre station de montage/mixage, assurément !

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