Si je devais retenir quelque chose de cette année 2014 en
terme d’audio et plus globalement de musique ce serait : « Ca va
beaucoup mieux »
Bah oui quoi… Tout va vraiment beaucoup mieux ! Le
constat s’impose de partout, sur les labels, dans les rayons des magasins, sur
la tête des gens, sur internet, chez nous, au boulot, partout ! Le
numérique est, je le crois sincèrement, parvenu à son entière maturité. Constat
tardif tandis que les premiers Cds ont plus de 35ans et que cette technologie
est ancrée dans tous les studios depuis bien longtemps, certes ! Mais en
prenant le phénomène dans sa globalité et tous ses champs d’application
possibles, il n’y a plus le moindre doute ni la moindre zone d’ombre quant à
l’intérêt de consommer et travailler sa musique numériquement.
C'est pas faux, mais c'est plus vraiment vrai...
Il y a encore 10ans je trouvais sincèrement que beaucoup
d’outils numériques de traitement du signal, notamment les plug-ins, n’étaient
pas encore à la hauteur de leurs homologues électroniques. Idem pour les synthés,
les outils de mastering… Pire encore ! On mixait tout à burnes et on consommait
du MP3… quelle vilainie, quelle… merde ! N’importe quel casque au dessus
de 50euros vous le dira, le mp3 c’est vraiment moche… Avec le recul je ne sais
réellement pas expliquer (ou je le refuse ?) la popularisation du format,
ça a fait tant de mal ! Les disques durs étaient pourtant conséquents, les
vitesses de connexion déjà bien établies… Mais non, le CD a vraiment été mis
derrière tous ces fichiers mal encodés, que l’on écoutait n’importe où, sur
n’importe quoi, et surtout n’importe comment. D'autant plus frustrant que l'image vidéo, elle, a passé son test de la HD avec le succès que l'on connaît!
Tiens, voilà du boudin...
Mais depuis quelques années les indices sont nombreux et les
mœurs changent, on se remet à consommer du son avec respect & conscience.
Le format flac et ses collègues « lossless », pourtant âgé, est
désormais partout : des fichiers sur les plate-formes de streaming
musical, des fichiers offerts pour l’achat d’un CD, des fichiers à télécharger
légalement ou pas, des fichiers oui, mais quels fichiers ! Différence
indiscernable avec un master CD tout en prenant moitié moins de place, c’est
définitivement du tout bon, mangez-en. A côté de ça, les ventes de vynils
explosent, le streaming en ligne se met à la HD, les lecteurs audio « bit-perfect »
pullulent, les fabricants de téléphone prennent soin de leurs sorties casque,
le format Blu-ray met le son HD dans tous les salons, la norme Loudness remet
de la dynamique dans vos programmes TV, la production musicale se décompresse,
en terme de mixage la mode est au vintage… Bref, on lève le pied, on respire
mieux, on fait l’amour, le beau son est de retour !
Et les constructeurs n’ont pas mis longtemps à comprendre
que ce « beau son » réduit à l’état de marché de niche depuis
l’avènement du MP3 allait bien finir par revenir en force. Et bien ça y est,
nous y sommes ! Le marché des convertisseurs Hifi en dessous de 500euros
est devenu un vrai champ de bataille où règne une concurrence féroce, l’iPod se
fait massacrer par toute une armada de baladeurs audiophiles, les Smartphones
se dotent d’amplis casques et de convertisseurs externes nomades… Bref, tandis
que les platines CD se construisent toujours de la même manière, la musique
dématérialisée a su s’adapter et jouit d’une offre matérielle immense où USB
asynchrone et décodages de fichiers audio HD ont le vent en poupe. Ca va même
beaucoup plus loin que je ne le pensais car on assiste carrément à un retour en
force du format .DSD !!!!
Ce truc, je veux le voir partout !!!
Format tout à fait confidentiel depuis la création du SACD,
le « Direct-Stream-Digital » est le top du top en matière de
conversion numérique du signal mais a été malheureusement enterré vivant par la
dématérialisation et la politique commerciale de ces foutues majors qui en ont
fait un format tout à fait élitiste et bien trop cher. Mais ces dernières
années, quelques petits malins se sont amusés à ré-encoder ces précieux disques
(à peine 10000 produits) en Flac 24bits/192kHz, accordant plus ou moins
légalement aux internautes les plaisirs de l’écoute codée sur un bit et
échantillonnée 64 fois plus que le CD. Pour en consommer assez régulièrement,
je le dis et je le gueule ! Le SACD c’est purement génial, n’importe quel
album de jazz ou de classique vous envoie sur la stratosphère du plaisir
d’écoute. Comparer un CD à son homologue SACD est toujours une révélation…
finies les limites du redbook et de la pente raide à 22kHz… désormais c’est
bande passante infinie, dynamique étendue et… ça s’entend ! Sur le
« The Fall » de Norah Jones par exemple, le SACD présente un bas du
spectre magnifique, hyper défini par rapport au CD, tandis que l’apport des
harmoniques à très hautes fréquences apporte une présence accrue sur les voix,
les cordes, sur tout en fait…
Et ce plaisir se démocratise fortement, tandis qu’une
platine SACD coûtait quelques milliers d’euros, tous les convertos moyens de
gamme s’arment maintenant du fameux label Dsd64, l’excellent Qobuzz propose de
nombreux albums encodés en Flac 24/192, et ce n’est que le début ! Gageons
que de véritables fichiers .Dsf (conteneurs du Dsd) feront bientôt leur
apparition, tout comme de nouvelles évolutions du format actuellement en
chantier comme le Dsd128. Alors certes, quasiment tous les studios travaillent et
livrent toujours en PCM, mais n’empêche… les choses changent et la musique
bouge.
iBasso a remis en selle la haute qualité d'écoute nomade à prix serré, un test est à venir! ;)
Bref, la dématérialisation a enfin pris le bon cap, celui
des fichiers qui pèsent lourd, des métadatas bien ordonnées et de la haute
définition. Ce regain d’intérêt dans la qualité profite à tous !
L’ingénieur du son branché musique mixe désormais en 24bits/88.2kHz, son
homologue cinéma fait encore monter les chiffres et tous deux profitent de
plug-ins surpuissants tirant avantage de cet échantillonnage accru pour
parfaite leur finesse de traitement. Les convertos sont eux de plus en plus
efficaces, à tel point que le domaine professionnel se rapproche sérieusement
des appareils grand public où il n’est plus rare de voir des Sabre ESS-32, des circuits
de conversion montés en double mono, avec alim’ haut de gamme, sorties XLR et
tout le tralala… Cette nouvelle donne profite également aux enceintes actives,
partenaires de choix pour une solution laptop/dac peu encombrante. Et les
casques alors ? Tandis qu’un certain Dr Dre a eu l’idée d’en faire un
accessoire de mode pété de basses il y a quelques années, il faut désormais
reconsidérer l’offre actuelle très sérieusement, c’est tellement la guerre pour
s’emparer du marché que la qualité a grimpé en flèche ! L’arrivée de
nouveaux arrivants comme Parrot ou Focal dans ce domaine a fait pencher la balance
du côté du « beau son » encore une fois, et les amplis casque, ces
grands oubliés, refont leur apparition en rayons avec quelques surprises, comme
l’exceptionnel modèle de chez Oppo, constructeur qui d’ailleurs a beaucoup fait
avancer les choses en matière d’audio ces dernières années.
Le Teac DA-501, un converto hifi qui met la misère à pas mal de machines estampillées "Pro"!
Et quant à moi, refusant jusqu’alors la dématérialisation,
il faut bien avouer que j’ai fait marche arrière toute… Enfin !
Probablement fatigué par la compression et le piratage, seul le fétiche CD
trouvait grâce à mes yeux, avec la certitude qu’il n’était pourtant qu’un
format désormais obsolète et vendu toujours aussi cher, qu’il ne demandait qu’à
être ré-inventé ! Si le SACD a failli dans cette entreprise, la musique
dématérialisée elle, a remporté ce défi de nouveau millénaire avec succès et
est parvenue, sans l’infâme concours des maisons de disque, à s’imposer comme
la nouvelle manière de consommer la musique. Anti-matérialiste, libre d’aller
sur tous les supports, libre d’être partagée… je lui reconnais désormais toutes
ces vertus, et avec une certaine honte avouer que j’ai eu tort de ne pas avoir
cru en ce futur-là ! La dématérialisation de poursuit donc, j’en fais
désormais partie intégrante, mais avec la certitude que certaines choses ne mourront
jamais et feront toujours vivre la musique comme aucun convertisseur ne pourra
le faire. La collectionnite, une galette noire, un sillon, une platine…
Reliques d’un temps passé révolu techniquement, mais empli de cette saveur
particulière, quand acheter un vynil chez le disquaire, c’était un petit
événement. Aujourd’hui, écouter un SACD sur son baladeur, c’est aussi un
événement, ainsi soit-il.
Voilà, je suis content, j’avais juste envie de le dire… Je
suis fier de bosser pour ces nouveaux formats, ces nouvelles écoutes, cette
nouvelle fidélité audio qui gagne nos foyers, et qui remet beaucoup de gens sur
la bonne voie pour une consommation musicale consciente et épanouie.