mercredi 16 janvier 2013

PMC : petit mais costaud ?


Cela fait maintenant un an et demi que mon petit couple de Focal s'est trouvé une nouvelle grande soeur en la personne des PMC TB2A-SII suite à une bonne affaire. Autant dire que par rapport à mes vieilles Fostex aux membranes en carton mâché et au spectre tout tordu, c'est un véritable bond en avant qui s'est offert à moi et à mes activités professionnelles. Car les PMCs sont vraiment des enceintes particulières dans leur construction et leur rendu, à vrai dire elles sont le prolongement de la marque, c'est à dire très haut de gamme, en bonne place parmi le fer de lance du Monitoring audio sans compromis, et qui a maintes fois fait preuve d'audace dans la conception de ses produits alors que les grandes marques peinent un peu à se renouveler. 


Ils se la pètent, mais ils ont le droit.

Appliqué à la fois dans le Monitoring et la Haute Fidélité (très) haut de gamme, PMC a par le passé sorti des modèles d'exception qui ont fait référence, à l'image des incroyables BB5X, des gigantesque enceintes 7voies, que j'ai eu la chance d'écouter à plusieurs reprises au Studio de mastering Electric City en compagnie d'Alan Ward, même si le bougre écoutait ses sources avec un niveau semblable au démarrage d'une fusée ou à l'atterissage d'un porte-avion en chute libre, dur! Si la technologie d'une enceinte est toujours la même depuis des dizaines d'années, ce sont les matériaus employés (bois, membranes, suspensions) et la conception du coffrage qui retiennent toute l'attention des ingénieurs anglais, et chez PMC, et bien c'est... particulier. Un petit historique s'impose, car oui, c'est qu'elles ont une histoire ces enceintes, riches d'un background technique et conceptuel de 12ans! 
 BB5 XBD-A, probablement une des enceintes les plus terribles de l'univers de la mort qui tue sa reum'


Le premier modèle sorti en 2001, sobrement nommé TB2 (Tiny Box) est une enceinte passive 2 voies alors destinée aux petites cabines, et aux budgets plus restreints, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a fait date! Le genre d'enceintes dont parlent avec nostalgie les vieux baroudeurs des studios, qui ont apprécié l'exceptionnelle tenue en fréquence, la restitution des transitoires et la puissance délivrée par ces enceintes, qui dans la plupart des cas étaient associées à un ampli Bryston 2x120w, marque très proche de la firme anglaise, connue pour ses étages d'amplification de très haut niveau. La technologie ATL, "Acoustic Transmission Line", présente sur toute la gamme du constructeur, est naturellement au coeur de ces vénérables TB2... et ce précieux brevet, c'est un peu le bébé de PMC, une technologie dont le groupe anglais se garde bien de dévoiler tous les secrets, car elle est garante de son statut d'exception au sein du marché. Alors concrètement c'est quoi? Et bien, c'est un peu comme les labyrinthes acoustiques parfois utilisés dans le Bass Reflex, sauf qu'au lieu de gonfler artificiellement le grave, l'ATL va le "charger"... Le but étant de le mettre parfaitement en phase avec le reste du spectre, en évitant la moindre trace de distorsion et d'irrégularité fréquentielle. Physiquement, on a donc affaire à une "ligne" d'air interne au coffrage, souvent avec très peu de virages, et tapissée d'un mousse haute densité destinée à épurer le signal basse fréquence de ses "traînages" et autres résonnances. Le tout pour arriver à ce que le constructeur apelle une "Drive unit" de basses fréquences. Le résultat, un spectre hyper étendu par rapport à la taille du diffuseur, un rendu transitoire chirurgical et une distorsion proche du zéro, pour un punch spectaculaire et garanti 0% coloration dans tout le tiers inférieur du spectre. Bref, une petite révolution à l'époque.


La famille 2005, TB2SA et les petites soeurs, DB1SA, toutes aussi canons!

2005 arrive, et il est temps de renouveler l'entrée de gamme de chez PMC, les TB2 vont alors se transformer en enceintes actives, les TB2S-A chacune affublée d'un ampli de chez Flying Mole. Mais décidément la marque ne fait jamais comme tout le monde, et plutôt que d'affubler à chaque enceinte un filtrage actif où 2 amplis de classe AB prendront le relai après la fréquence de coupure "crossover", l'architecture demeure celle d'une enceinte avec filtrage passif, autrement dit post-amplification, en classe... D !!! L'amplificateur, du haut de ses 100 watts, traite donc le signal dans son entièreté, avant d'attaquer le filtrage, dont les composants ont été revus pour l'occasion. Cet ampli est donc entièrement découplé du coffrage et situé à l'arrière de celui-ci... d'une taille très modeste et garni d'un ingénieux relai de dissipateurs thermiques, il n'encombre pas trop le volume global du produit, qui demeure passe-partout. le signal attaque l'ampli via prise XLR, dont la sortie est reliée à l'enceinte via une fiche Speakon 4 de chez Neutrik, de la bonne came donc. Et ce changement radical, et bien il a eu ses adorateurs, et ses détracteurs, qui regrettaient amèrement leur bon vieux ampli Bryston, lequel était capable de délivrer bien plus de jus que son nouvel homologue double mono en classe D. Si je n'ai pu vérifier la chose par moi-même, tout le monde s'accordait néanmoins à dire que hormis l'amplification, les quelques améliorations apportées à l'enceinte étaient bénéfiques... nouveau Tweeter soft dome, filtrage et crossover remaniés, architecture interne légèrement changée, PMC progressait encore dans l'excellence de sa restitution. Reste que cette série a quelque peu souffert de la réputation de ses amplificateurs, qui ont connu un taux de retour SAV plus élevé que la normale.

Le fameux ampli flying Mole...


2010 !!! Flying Mole a déposé le bilan, et PMC cherche un nouveau partenaire pour concevoir l'ampli qui allait avoir l'honneur d'alimenter la nouvelle mouture de son fleuron near-field. Mais les anglais soint pointilleux, et n'essuient que des déceptions par rapport aux idées proposées par leurs collaborateurs. Qu'à cela ne tienne, ils allaient désormais devenir concurrents! PMC décide de prendre en charge la conception et l'assemblage de son nouvel ampli, dont il reprendra les bases de son prédécesseur signé Flying Mole. Design et modularité identiques donc, classe D toujours, sauf que la puissance double pour aller sur une nominale de 200Watts!!! Ceux qui regrettaient le Bryston vont en prendre pour leur grade affirme PMC, qui profite de cette 2ème actualisation pour opérer quelques autres changements discrets dans l'électronique plus haut de gamme du filtrage, crossover, et encore une fois quelques ajustements de matériaus et de design. La facture s'alourdit et les désormais nommées TB2S-AII ne sont plus si proches de l'entrée de gamme comme ce fût le cas en 2001... Bon, voilà, maintenant on peut passer à l'objet en question! 
 

Je ne vais pas faire dans la redite, car ce cru 2011 reprend la même architecture que ses soeurs aînées, donc ampli à l'arrière, pas d'évent, dissipateurs thermiques, tweeter papier (donc fragile), boomer 5", et un bien joli coffre... Le bois est d'excellente qualité, très lourd, il est traîté avec un revêtement haute densité de plastique très doux, le switch on/off ainsi que le volume sont disposés au sommet arrière de l'enceinte, pratique. le tout respire la qualité (et son poids!), une simple caresse transmet une singulière sensation de haut de gamme. Petit détail que je n'ai pas précisé, ces amplis situés à l'arrière sont disponibles à la vente séparément. De quoi actualiser une vieille paire de 2001, ou dépanner sérieusement si un des amplis rencontre un problème, éventualité assez indésirable.


 I'm sexy and I know it

Et alors, à l'écoute ça donne quoi? Et bien pour ma part le constat est simple, à ce tarif, je n'ai absolument rien à redire concernant cette enceinte, tous les critères auxquels j'attache de l'importance sont infiniment respectés, le bonus étant les nombreuses petites surprises qu'elles ont été à même de me fournir généreusement. Tout d'abord, l'image stéréo est impeccable, le moindre mouvement panoramique est discernable, et on a la délicieuse perception d'un véritable centre, comme une enceinte centrale virtuelle qui fait vraiment bloc de plein front. Ensuite, le sweet spot est très généreux en largeur, mais également en hauteur! Chose assez surprenante pour du near/mid-field, habituellement si directif... Idem pour la dynamique et le volume sonore délivré, c'est du très très lourd, le test incontournable du Boléro de Ravel s'en tire avec tous les honneurs, des débuts chuchotants et une fin explosive où on est scotché par la puissance de sortie de l'ampli, qui semble faire fi de toute distorsion malvenue, ces enceintes ont une patate incroyable. Concernant la tenue en fréquence, c'est une véritable autoroute bien goudronnée et sans la moindre aspérité discernable à l'écoute, on a un aigu riche de détails sans la moindre pointe d'agressivité, un medium plein et généreux, et des superbes basses en guise de cerise sur le gâteau, d'un volume incroyable pour cette taille de coffrage modeste, les infras se dévoilent dès 40Hz au moindre toucher de contrebasse, une véritable bénédiction.

Mais ce spectre fréquentiel, si droit soit-il, n'est que le plateau d'argent qui nous sert le véritable plat principal de PMC: la tenue transitoire. Et là, putain c'est la claque... Sur l'entiereté de la plage fréquentielle, on a droit à une définition tout bonnement stupéfiante, sans que rien ne bave, sans que rien n'agresse outrageusement. La relecture d'un gros disque de Rock surproduit est une redécouverte singulière, les gros coups de caisse claire forment des pics d'énergie dès les 200Hz, les Kicks n'encombrent plus que leur espace dédié, les murs de cordes puisent leur puissance de l'infra jusqu'au souffle analogique des amplis. Bref, on a une réelle sensation d'attaque chirurgicale où le moindre petit pic de la forme d'onde est traduit par des vibrations dans l'air... Cette tenue dans les transitoires est également gage de précision accrue et le contrôle des micro-informations contenu dans le signal en jouit totalement, montées de souffle, queues de reverb, grésillements des instrus électriques, overdubs, pistes superposées, absolument rien n'échappe à ces bêtes noires, qui vont de par leur manque total de coloration sérieusement malmener vos acquis et qui n'ont pas leur pareil pour révèler tous les défauts d'un mixage qui passait alors sans encombres sur des systèmes moins puissants. Bref, la technologie de mise en phase via l'ATL fait des merveilles, et offre un niveau de performances qui est normalement l'apanage de gammes bien supérieures. C'est vraiment le terme de "mise en phase" qui en met plein les oreilles ici et dont l'appelation est parfaitement justifiée, tant chaque attaque d'instrument, chaque note percussive trouve sa place dans le spectre sans traîner, sans que plus rien ne se chevauche. Le plus incroyable, c'est que cette puissance, cette tenue transitoire et fréquentielle, elle est constante quel que soit le niveau d'écoute... Là où j'avais tendance à pousser mes potars lors d'une relecture importante, j'ai désormais l'esprit plus tranquille, et les oreilles qui sifflent moins. S'il n'y avait qu'un mot à retenir des DB2A, ce serait ANALYTIQUE.





Vous l'aurez compris, pour écouter de la musique c'est carrément fendard. Et pour le boulot alors? Et bien tout naturellement voici une arme redoutable pour trifouiller de l'EQ paramétrique, les composantes indésirables d'une voix apparaissent sans effort, pops, plausives, sifflantes, bulles et respirations polluées... on passe du coup beaucoup plus de temps à les nettoyer! Le prix à payer face à tant de précision, c'est que l'on devient du coup un peu maniaque... J'ai noté également un bien meilleur travail effectué sur les effets temporels, il m'est désormais beaucoup plus aisé de faire la différence entre 2 reverbs d'apparence assez similaire et mes travaux en post-production en ont largement profité, déterminer l'empreinte acoustique d'un lieu, qu'il soit domestique ou naturel, n'a jamais été aussi facile. Et de par leur dynamique étendue, mon ressenti et mon expérience s'est nettement améliorée face à la gestion du Loudness, où j'ai vraiment de plus en plus tendance à relever mes seuils de compression pour laisser les voix s'exprimer avec moins de retenue, quitte à aller chatouiller les -3dBFS. De toute manière, avec des transitoires que l'on ressent nettement à l'écoute, et un peak-mètre plasma de précision, je n'ai plus aucune excuse de ne pas me laisser aller aux joies de la dynamique décomplexée! On décompresse, on lève le pied, et mesdames PMC prennent soin de vous fournir une alerte sonore équivoque au moindre faux pas. La largeur du sweet spot plaira au client, qui n'éprouvera plus le besoin de vous coller au cul au centre de la pièce, et l'excellente tenue de l'enceinte même à des faibles niveaux d'écoute, vous épargnera des maux de tête carabinés, travailler 10h par jour devant ces jolies monolithes ne pose aucun problèmes de fatigue auditive. Et mes CMS40 alors? Et bien elles sont reléguées au stade d'écoute secondaire de contrôle, mais demeurent réellement précieuses pour un travail de précision où le grave n'a pas à intervenir (restaurationn audio entre autres!), bien que plus agressives elles n'ont pas à rougir face aux PMC dans le domaine de l'aigu, quant au reste du spectre, il n'y a évidemment pas photo, la taille du baffle donne inévitablement lieu à un medium bien plus étriqué, et un grave qui semble du coup inexistant. Cela dit, elles demeurent indispensables à mes habitudes, j'ai ENFIN un tandem de choc qui ne peut donner lieu à aucune mauvaise surprise.

Bon, bah voilà quoi... en même temps, c'est du 3000 boules la paire... (mais pas en occasion!) et si on a la certitude avant même l'écoute de passer à la vitesse supérieure, c'est réellement gratifiant de découvrir au fil des semaines ces petites surprises auxquelles on ne s'attendait pas forcément. Pour ma part ces "petites" PMC feront partie de ces enceintes qui bousculent les choses pour les remettre dans le droit chemin, le genre d'étape à partir de laquelle tout retour en arrière est strictement inenvisageable. Pour la taille de ma pièce c'est tout simplement parfait, même si l'acoustique gagnerait à faire un level-up, et je ne vois pas l'intérêt de monter en gamme au sein de mes activités actuelles. Les modèles du dessus chez PMC, soit les AML1, sont encore plus impressionnantes, mais elles sont vraiment analytiques à l'extrême, et pour le coup, la découverte est choquante, comme j'ai pu en faire les frais dans le studio de mixage du groupe Deus (bon ok ils étaient pas là, c'était juste pour me la péter un peu), bref, le genre de produits qui a sa place en cellule de mastering, et pas grand intérêt ailleurs... Concernant les concurrentes directes, à vrai dire elles sont plutôt rares, et c'est du côté de marques plus exotiques comme Klinger Favre que l'on pourrait trouver une équivalence, à mon sens les véritables prétendantes au trône sont les Event Opal, aussi moches qu'excellentes, ou encore les Klein & Hummel 300, modèles 3 voies un peu plus chères qui sont également de très haute volée. Non vraiment, pour envisager un bond qualicatif, c'est peut-être du côté des incroyables Focal SM9 qu'il faudrait voir... mais pour un tarif presque doublé!


Event Opal, design fail ???

Bref, je crois que ces PMC TB2A-SII font tout simplement partie des meilleures enceintes disponibles sur le marché, et je compte bien en profiter durant de lonnnnngues années! Si seulement je pouvais ne plus travailler ailleurs sur des Genelecs... :/

La Haute Infidélité


Un an sans le moindre message, qu'étais-je donc en train de foutre me demanderiez-vous? Et bien les choses sont assez simples, d'une part j'étais assez occupé, et de l'autre, cette année 2012 fût relativement pauvre en nouveautés, qu'elles soient matérielles ou logistiques, l'EBU-R128 s'est implanté, quelques changements de Workflows, et surtout pas mal de court-métrages au programme, auxquels je rendrai justice en temps voulu. M'enfin, puisque sur Ouïe Chef on est sensé traiter du son sous toutes ses formes, en cette nouvelle année 2013, je vais attaquer un sujet qui fâche parfois, qui passionne souvent, à savoir le monde de la haute fidélité et de ses fervents disciples, les bien-nommés audiophiles!

Alors, l'audiophile, c'est qui au juste? Et bien éthymologiquement, c'est tout simplement un passionné du son, terme qui regroupe à la fois la matière sonore, donc souvent musicale, ainsi que l'ensemble des outils propres à assurer sa diffusion dans l'espace. On confronte souvent l'audiophile poète au technicien du son matheux, dans la mesure où ce dernier ne cherchera bien souvent que la transparence et le respect du signal, tandis que son collègue plus littéraire flirte davantage avec le "beau" son, peu importe qu'il s'encombre d'harmoniques supplémentaires ou autres artefacts, tant que le résultat charme ses oreilles. Après, un technicien du son peut très bien être audiophile, tout comme l'inverse est possible... Mais il suffit de parcourir les forums spécialisés pour constater qu'il règne quelque chose d'étrange chez l'audiophile... Comme un souffle chaud au doux parfum de poésie, un élan littéraire qui lui permet parfois d'affirmer qu'un câble à 400euros le mètre permettra de donner plus de corps à un violoncelle, ou qu'un convertisseur câblé en coaxial puisse "libérer" l'assise rythmique d'un morceau de Francky Vincent... Bref, comme dans toute caste, la sphère audiophile comporte un lot éminent de trous du cul et de beaux parleurs qui masquent leur incompétence technique derrière de belles envolées lyriques, ça vend du rêve, mais sur le terrain ça amène aussi pas mal d'erreurs.


Hifi WTF ???


En même temps, quoi de plus difficile que de mettre un mot sur un son? Lorsqu'il s'agit par exemple de confronter 2 types de convertisseurs différents à partir d'une même source CD, les différences sont souvent sensibles et si le corps discerne bien une différence (du moins, si elle existe!), le ressenti lui, peine à le dépeindre. Si certains phénomènes physiques sont manifestes, comme des basses plus nettes et définies, une image stéréo plus large ou un aigu plus brillant, les choses se corsent lorsque l'on commence à parler de plan sonore, d'empreinte acoustique, de "corps" ou de "aération" musicale... autant de termes métaphysiques indissociable du discours élitiste d'un mélomane abonné à haute-fidélité magazine ou autres torchons. Bref, tout ça pour dire qu'il vaut mieux oublier les belles paroles et l'avis de prétendus experts pour ne plus faire confiance qu'à soi-même, et tout simplement écouter, en mettant de côté ses préjugés et ses acquis, qui viennent bien souvent de discours commerciaux. Au final, une chaîne hifi, ce n'est guère plus que de l'électronique, dont la conception demeure presque inchangée depuis des dizaines d'années, et qui naît souvent en europe, pour être ensuite assemblée en Chine ou autres contrées où les charges sociales flottent dans un monde parallèle. Ca nous fait déjà 2 écoles mine de rien... le "Made in France" ou autre label rouge de condensateurs élevés au grain en plein air affectera directement le tarif, car il est gage d'une certaine forme d'artisanat où les composants triés sur le volet seront assemblés à la main dans nos vertes contrées (les excellents Atoll et Klinger Favre par exemple), tandis que l'autre camp est davantage l'apanage des marques connues et largement distribuées: Yamaha, Marrantz, Pioneer etc... Cette catégorie de produits se trouvent souvent en solde, l'autre très rarement... surprenant non?

Donc, de l'électronique, oui. Et au final pas grand chose de plus... Dans un produit, c'est le choix des composants, leur agencement et leur assemblage qui détermineront l'empreinte sonore finale. C'est là que le discours audiophile prend le relais, car effectivement, la plupart des grandes marques cultivent une "signature" sonore personnelle et quasi identique depuis leur création. Yamaha est par exemple réputé pour envoyer la purée et du Watt en nombre, Harman Kardon est connu pour sa tolérance aux ampérages importants, avec beaucoup de "jus" à la clef, NAD rime souvent avec la douceur de la musique jazz et classique, Advance est connu pour avoir un son très... "froid" (putain ça y est je m'y mets!)... Bref, chaque marque a sa propre philosophie du son, et chaque électronique est conçue pour qu'elle s'exprime avec le plus de confort afin de marquer la différence par rapport aux concurrents. D'où l'utilité de connaître un minimum chaque acteur de cette prouesse, les caractéristiques d'un transfo, les différentes classes d'amplification, les rapports sinal/bruit, les taux de distorsion, les composants d'un convertisseur etc... et pour cela je ne puis que conseiller de faire appel à un électronicien compétent (et passionné par le son tant qu'à faire) pour lui dresser un tableau des caractéristiques techniques du modèle qui vous intéresse. Je ne puis prétendre à ce rôle convoité, mais mes connaissances en électronique sont suffisantes pour faire la part des choses de manière efficace. Aussi vais-je donner quelques petits conseils, en demeurant dans la vulgarisation bien entendu, le but n'étant pas de faire un cours d'électronique, même si c'est génial, prise de tête et passionnant. On va esquiver les enceintes pour cette fois, sous peine d'enfanter un pavé énorme (c'est bien parti déjà...), on restera donc sur ce qui fait le coeur d'une chaîne hifi : la source, et son amplification. (Si on continue l'analogie, les enceintes seraient les poumons? le débat est ouvert, avis aux lecteurs de Diapason haha)


 Le coeur de l'ampli Atoll IN100se, quand j'vous le dis qu'un transfo ça doit être gros...

-1er conseil : fixez-vous un budget, avec une marge de manoeuvre... Dans ce domaine, la tentation d'allonger quelques billets bleus de plus est souvent proéminente. De toutes façons, ici je n'ai qu'un conseil à donner. Tu veux du bon? Bah allonge le pognon, tout simplement. Pourquoi j'adopte un discours consumériste qui ne me ressemble guère? Tout simplement parce qu'une chaîne hifi, des enceintes, et plus globalement tout ce qui concerne l'audio, c'est THE investissement le plus fiable et le plus profitable de toute la sphère technologique. Une chaîne hifi qui sonne bien, elle sonnera toujours dans 20ans, ça tombe très rarement en panne, c'est lourd, c'est solide, c'est sérieux, c'est évolutif, ça utilise les mêmes technologies qu'il y a 40ans (on peut être tenté de dire malheureusement), bref, le bon son ne meurt jamais, et le pécule investi sera garant de milliers d'heures d'écoute profitable pour toute la famille, musique, jeux vidéo, cinéma, internet... Tout passe par une chaîne hifi. A l'heure où les gens mettent 1500euros dans un laptop périmé au bout de 2 ans, 200euros dans un casque pourri devenu accessoire de mode ou 500euros dans une tablette bio-dégradable, gardons ceci à l'esprit: Le son, ça dure.

-2ème conseil : Optez pour de l'équipement dédié! Une platine CD n'est pas sensé faire autre chose que lire des CDs (tout comme le "camembert au bleu" Président, un non-sens!). Une solution intégrée implique forcément un certain nombre de compromis (je ne parle même pas des horreurs type home-cinéma intégré samsung!), et c'est bien souvent l'alimentation qui en fait premièrement les frais. Dans une solution idéale, le cheminement est le suivant: Lecteur CD -> Convertisseur N/A -> Préampli -> Ampli de puissance -> enceintes... Et encore, en restant sage! Il est bénéfique de traiter également le signal en double mono plutôt qu'en stéréo intégré, via 2 convertisseurs découplés, et donc 2 blocs de puissance mono séparés. Naturellement cela reste une solution onéreuse, et qui prend de la place. Mais sachez qu'une chaîne de périphériques dédiés fera toujours du très bon boulot, car chaque étage bénéficie de son propre boitier, de sa propre alimentation, et que les composants d'un chassis sont choisis en fonction de sa tâche principale, et non de sa cohabitation avec d'autres fonctions. Pour la majorité des gens, un lecteur CD avec convertisseur inclus et un ampli intégré regroupant préamp + ampli de puissance est la solution du compromis. A mon sens, séparer le préampli ou le convertisseur est une solution flexible et envisageable pour qui veut aller plus loin dans le respect du signal.

-3ème conseil : Prenez du Lourd !!! Il n'est pas envisageable d'attendre quoi que ce soit de qualitatif d'un ampli affichant 3 kilos sur la balance... La hifi, ça demande beaucoup de courant, et ça dissipe beaucoup de chaleur, donc ne prêtez pas attention à ce que les revendeurs nous vantent comme étant un progrès: la miniaturisation, c'est un non-sens, et si je dois parler avec mon coeur: c'est de la merde. Un gros chassis en métal qui pèse 10 kilos, c'est l'assurance d'un truc solide, qui ne transmettra pas de vibrations, qui sera blindé par rapport aux rayonnements électriques et magnétiques de votre logis, et qui dispose d'une alimentation richement dimensionné. Tout comme une petite enceinte ne peut pas faire du bon grave, un petit transfo ne sortira pas beaucoup de courant, ça doit être gros, le reste doit donc suivre... Une chaîne hifi, c'est lourd, encombrant, mais ça reste joli et rassurant, et ça sert même de chauffage d'appoint en hiver si on a du full Class A, votre chat va adorer.


Un canal audio... dédicace Ratus


-4ème conseil : Regroupez vos sources! Une chaîne hifi est un investissement, donc autant en tirer le maximum et optimiser cet update matériel pour en faire profiter toute la famille multimédia numérique : PC, TV, carte son, console, tablette, smartphone, platine vynil (ça existe encore et c'est génial, merci), serveur média etc... C'est là que le choix d'un convertisseur N/A dédié s'impose tout naturellement, car vous pourrez y relier tout et n'importe quoi... en coaxial, en fibre optique, en USB, et même désormais en Wifi & Bluetooth. Ainsi vous vous affranchirez des chipsets audio médiocres de vos machines et des connectiques hasardeuses en mini-jack, pour profiter d'une qualité CD sur la totalité de vos sources de divertissement, la différence à l'écoute est flagrante, de quoi redécouvrir ses films, ses playlists (lossless, sinon je me fâche) et ses jeux. Naturellement, tout ceci demeure en stéréo dans le sujet de ce blog, mais le multi-canal n'est guère plus compliqué à vrai dire. Et mieux vaut une bonne stéréo qu'un mauvais multi-canal, non mais!

-5ème conseil : Rester cohérent. Tout comme dans le monde de l'audio professionnel, il faut savoir que dans la chaîne du traitement du signal, tout écart de niveau de qualité est fatal. Par exemple, Si vous prenez un bon lecteur CD, un très bon ampli et un convertisseur à chier, la qualité générale de votre restitution audio s'abaissera au niveau lamentable de votre convertisseur creative à 39euros hahaha. D'où l'importance de demeurer cohérent dans le budget de chaque élément, qui doit être plus ou moins du même ordre, mais aussi dans le choix de la marque! Si certaines alliances de constructeurs sont connues pour bien fonctionner, ça peut aussi prendre des allures de roulette russe... la faiblesse d'un élément peut être balancée par la qualité d'un autre, mais on perd en cohérence et en unité. Mesure de sécurité pour le profane : prendre des éléments d'une même marque, et d'une même série, c'est moins exotique et rigolo, ce sera un système avec ses qualités et ses défauts, mais toute mauvaise surprise est à exclure. Généralement, le prix de l'ensemble hifi doit être à peu près égal au prix de la paire d'enceintes, voilà un bon équilibre.


 La série QED audio performance, irréprochable mais financièrement un peu dure...

-6ème conseil : ne pétez pas un câble! S'il y a bien un composant qui crée la polémique et alimente les fantasmes les plus fous, c'est le câble audio, qu'il soit numérique ou analogique, c'est l'élément qui va vous permettre de relier les composants de votre hifi entre eux. Et bon, il est très difficile d'avoir des déclarations définitives à ce sujet... Si une platine CD à 17000 euros c'est délirant, un câble à 1000 euros le mètre l'est encore plus je trouve... Donc j'adopterai un point de vue tout personnel à ce sujet, et éviter toute branlette à laquelle j'ai été maintes fois confronté. De ma propre expérience, un câble ne pourra que très rarement améliorer votre qualité de restitution, par contre, il peut l'affecter... Je conseillerai donc d'éviter les câbles No-Name premier prix, et d'opter pour les premiers prix de marques sérieuses comme QED ou dans une moindre mesure Real Cable, Connect Research etc... Sur un ensemble hifi de milieu de gamme, s'il est déjà très difficile d'entendre des différences entre une conversion coaxiale, optique ou AES, il est à mon sens quasi-impossible de relever des différences entre 2 câbles. Laissons donc fantasmer les propriétaires d'ensembles MacIntosh et autres machines de rêve... pour nous autres les prolos, fabrication sérieuse, distance la plus courte possible et prix raisonnable sont les seules choses à retenir de la connectique. Si votre équipement le permet, préférez toujours les connexions symétriques (AES, XLR...)

-7ème conseil : choisissez bien votre enseigne! La grande distribution est à fuir comme la peste... pas de bonne condition d'écoute, revendeurs mal formés, bourrés de préjugés, ya du bruit, ya du monde, les gosses pleurent, ça fait chier. Préférez les spécialistes, tout en gardant une nécessaire distance par rapport à certains discours, ils vous aiguilleront bien mieux et toute enseigne digne de ce nom aura son petit auditorium dédié, où vous pourrez comparer d'un simple switch plusieurs lecteurs, enceintes et amplis. Pour ma part, j'ai retenu Sonor Plus à Lille, mecs très sympas avec un bon stock, Elec'Son à Paris, qui ont des périphériques hallucinants, et tout le confort nécessaire pour une écoute sur rendez-vous (j'ai squatté des heures chez eux, accueillants les mecs), et dans une moindre mesure, Magma & Cobra à Paris, qui penche plus du côté de l'industrie lourde que du contact client (dédicace au gros con en chemise saumon), mais imbattables sur les prix et ouverts à la négociation, écoutes tout à fait possibles en semaine et aux heures creuses. L'arme ultime étant bien sûr votre patience, et vos CDs de référence! Ah, et allez-y avec un pote tant qu'à faire! Détail assez amusant, lorsqu'un gars va dans un magasin pour acheter une chaîne, peu importe son âge, il est souvent accompagné de son papa :) La Hifi, c'est un truc d'hommes!


Now we're talking... Elec'Son Paris


-8ème et dernier conseil : Fiez-vous à vos oreilles, et à rien d'autre! La hifi fait appel à la sensibilité acoustique et musicale de chacun, les préférences varient énormément d'un individu à un autre, selon ses goûts musicaux, son éducation et le conditionnement de son organe auditif. C'est d'ailleurs cette sensibilité qui sera mise à l'épreuve lors du choix de la marque, un bon test à mon sens, est d'écouter une sélection de 3 ou 4 ensembles hifi sur une même paire d'enceintes de référence, mais à l'aveugle, sans savoir de quelle marque il s'agit, je trouve que c'est un bon exercice (tout comme je m'amuse à faire un EQ les yeux fermés lorsque je suis dans le doute!), ce seront vos oreilles qui choisiront, et le modèle élu sera peut-être celui auquel vous vous attendiez le moins! Pour ma part, c'est sans doute dû à mon métier et à mes habitudes, mais mes esgourdes ont toujours privilégié un son assez analytique, j'attache une grande importance à la définition des transitoires et aux micro-détails, tout en restant très sensible au phénomène de "Jitter", appelé aussi scintillement, qui a tendance à me rendre fou. Mon choix se fait donc souvent sur des appareils à transistors, délivrant beaucoup de courant, avec une bonne diaphonie, et souvent garnie d'un convertisseur professionnel, genre Burr-Brown ou Audio Analogue... Finalement un rendu neutre, très détaillé dans l'aigu, flatteur ou agressif diront certains, mais c'est ce qui me plaît, ce à quoi je suis habitué, et j'en tire toujours autant de plaisir, que ce soit sur une symphonie de Mahler ou un bon vieux Death Metal des familles.


Voilà, j'espère que ces indications ont pu vous aider dans vos choix! Pour ma part cela fait 10 ans que j'écoute ma musique sur des Triangle Celius 202 et j'en suis toujours autant satisfait, elles ont été accompagnées d'un ensemble TEAC sur la même durée, mais qui a évolué dernièrement pour un ensemble de chez Advance Acoustics, marque française de bonne facture, via une platine CD MCX300, un convertisseur MDX600 qui me permet d'avoir un net gain qualitatif sur toutes mes autres sources, et un ampli MAP306, qui a une bonne patate, et qui a la particularité de pouvoir fonctionner en (simili) classe A via un simple switch, chose que je ne manque pas de faire dès que j'écoute du Jazz ou du classique, le contraste avec la musique moderne étant plus ténu, je me contente du simple mode AB, moins énergivore. Si l'ampli a été un gros bond en avant par rapport au mon ancien, la platine CD ne m'apporte qu'un gain qualitatif minime... Ca rejoint ce que je disais plus haut, cette saloperie n'est pas meilleure qu'une platine vieille de 10ans! Pour aller plus loin dans la qualité, le porte-feuille aura du mal à suivre! Par contre le convertisseur est vraiment pas mal du tout, il offre pas moins de 9 entrées numériques donc c'est l'idéal pour celui qui a beaucoup de sources! USB asynchrone, coax, optique, AES et même des connectiques XLR pour attaquer des monitorings. Bref c'est un ensemble homogène, pas exceptionnel, mais largement suffisant pour une écoute domestique confortable et flexible en terme de possibilités. Prochaine étape, un transmetteur audio Bluetooth! Maxou s'est décidé de vivre avec son temps...


 Ca fait la taille d'un mec, et pas un petit...

Bon, et puis allez, histoire de rêver un peu, voici le système qui m'a le plus retourné en 30 ans d'écoutes, j'ai nommé les Klinger Favre Studio 30 ci-dessus, que j'ai pu découvrir à Dunkerque chez Orion productions. C'est une redécouverte musicale de chaque instant, délivré par un système sans compromis ni zone d'ombre... tout à fait adapté au mastering soit dit en passant. Le prix de l'excellence, une année de salaire de classe moyenne, sans compter l'ensemble ampli + DAC qui doit flirter avec les 40 kilos!

LâcheZzZzzz vos CoMzZZ Lol ;0) :*:*:*: :p