mercredi 16 janvier 2013

La Haute Infidélité


Un an sans le moindre message, qu'étais-je donc en train de foutre me demanderiez-vous? Et bien les choses sont assez simples, d'une part j'étais assez occupé, et de l'autre, cette année 2012 fût relativement pauvre en nouveautés, qu'elles soient matérielles ou logistiques, l'EBU-R128 s'est implanté, quelques changements de Workflows, et surtout pas mal de court-métrages au programme, auxquels je rendrai justice en temps voulu. M'enfin, puisque sur Ouïe Chef on est sensé traiter du son sous toutes ses formes, en cette nouvelle année 2013, je vais attaquer un sujet qui fâche parfois, qui passionne souvent, à savoir le monde de la haute fidélité et de ses fervents disciples, les bien-nommés audiophiles!

Alors, l'audiophile, c'est qui au juste? Et bien éthymologiquement, c'est tout simplement un passionné du son, terme qui regroupe à la fois la matière sonore, donc souvent musicale, ainsi que l'ensemble des outils propres à assurer sa diffusion dans l'espace. On confronte souvent l'audiophile poète au technicien du son matheux, dans la mesure où ce dernier ne cherchera bien souvent que la transparence et le respect du signal, tandis que son collègue plus littéraire flirte davantage avec le "beau" son, peu importe qu'il s'encombre d'harmoniques supplémentaires ou autres artefacts, tant que le résultat charme ses oreilles. Après, un technicien du son peut très bien être audiophile, tout comme l'inverse est possible... Mais il suffit de parcourir les forums spécialisés pour constater qu'il règne quelque chose d'étrange chez l'audiophile... Comme un souffle chaud au doux parfum de poésie, un élan littéraire qui lui permet parfois d'affirmer qu'un câble à 400euros le mètre permettra de donner plus de corps à un violoncelle, ou qu'un convertisseur câblé en coaxial puisse "libérer" l'assise rythmique d'un morceau de Francky Vincent... Bref, comme dans toute caste, la sphère audiophile comporte un lot éminent de trous du cul et de beaux parleurs qui masquent leur incompétence technique derrière de belles envolées lyriques, ça vend du rêve, mais sur le terrain ça amène aussi pas mal d'erreurs.


Hifi WTF ???


En même temps, quoi de plus difficile que de mettre un mot sur un son? Lorsqu'il s'agit par exemple de confronter 2 types de convertisseurs différents à partir d'une même source CD, les différences sont souvent sensibles et si le corps discerne bien une différence (du moins, si elle existe!), le ressenti lui, peine à le dépeindre. Si certains phénomènes physiques sont manifestes, comme des basses plus nettes et définies, une image stéréo plus large ou un aigu plus brillant, les choses se corsent lorsque l'on commence à parler de plan sonore, d'empreinte acoustique, de "corps" ou de "aération" musicale... autant de termes métaphysiques indissociable du discours élitiste d'un mélomane abonné à haute-fidélité magazine ou autres torchons. Bref, tout ça pour dire qu'il vaut mieux oublier les belles paroles et l'avis de prétendus experts pour ne plus faire confiance qu'à soi-même, et tout simplement écouter, en mettant de côté ses préjugés et ses acquis, qui viennent bien souvent de discours commerciaux. Au final, une chaîne hifi, ce n'est guère plus que de l'électronique, dont la conception demeure presque inchangée depuis des dizaines d'années, et qui naît souvent en europe, pour être ensuite assemblée en Chine ou autres contrées où les charges sociales flottent dans un monde parallèle. Ca nous fait déjà 2 écoles mine de rien... le "Made in France" ou autre label rouge de condensateurs élevés au grain en plein air affectera directement le tarif, car il est gage d'une certaine forme d'artisanat où les composants triés sur le volet seront assemblés à la main dans nos vertes contrées (les excellents Atoll et Klinger Favre par exemple), tandis que l'autre camp est davantage l'apanage des marques connues et largement distribuées: Yamaha, Marrantz, Pioneer etc... Cette catégorie de produits se trouvent souvent en solde, l'autre très rarement... surprenant non?

Donc, de l'électronique, oui. Et au final pas grand chose de plus... Dans un produit, c'est le choix des composants, leur agencement et leur assemblage qui détermineront l'empreinte sonore finale. C'est là que le discours audiophile prend le relais, car effectivement, la plupart des grandes marques cultivent une "signature" sonore personnelle et quasi identique depuis leur création. Yamaha est par exemple réputé pour envoyer la purée et du Watt en nombre, Harman Kardon est connu pour sa tolérance aux ampérages importants, avec beaucoup de "jus" à la clef, NAD rime souvent avec la douceur de la musique jazz et classique, Advance est connu pour avoir un son très... "froid" (putain ça y est je m'y mets!)... Bref, chaque marque a sa propre philosophie du son, et chaque électronique est conçue pour qu'elle s'exprime avec le plus de confort afin de marquer la différence par rapport aux concurrents. D'où l'utilité de connaître un minimum chaque acteur de cette prouesse, les caractéristiques d'un transfo, les différentes classes d'amplification, les rapports sinal/bruit, les taux de distorsion, les composants d'un convertisseur etc... et pour cela je ne puis que conseiller de faire appel à un électronicien compétent (et passionné par le son tant qu'à faire) pour lui dresser un tableau des caractéristiques techniques du modèle qui vous intéresse. Je ne puis prétendre à ce rôle convoité, mais mes connaissances en électronique sont suffisantes pour faire la part des choses de manière efficace. Aussi vais-je donner quelques petits conseils, en demeurant dans la vulgarisation bien entendu, le but n'étant pas de faire un cours d'électronique, même si c'est génial, prise de tête et passionnant. On va esquiver les enceintes pour cette fois, sous peine d'enfanter un pavé énorme (c'est bien parti déjà...), on restera donc sur ce qui fait le coeur d'une chaîne hifi : la source, et son amplification. (Si on continue l'analogie, les enceintes seraient les poumons? le débat est ouvert, avis aux lecteurs de Diapason haha)


 Le coeur de l'ampli Atoll IN100se, quand j'vous le dis qu'un transfo ça doit être gros...

-1er conseil : fixez-vous un budget, avec une marge de manoeuvre... Dans ce domaine, la tentation d'allonger quelques billets bleus de plus est souvent proéminente. De toutes façons, ici je n'ai qu'un conseil à donner. Tu veux du bon? Bah allonge le pognon, tout simplement. Pourquoi j'adopte un discours consumériste qui ne me ressemble guère? Tout simplement parce qu'une chaîne hifi, des enceintes, et plus globalement tout ce qui concerne l'audio, c'est THE investissement le plus fiable et le plus profitable de toute la sphère technologique. Une chaîne hifi qui sonne bien, elle sonnera toujours dans 20ans, ça tombe très rarement en panne, c'est lourd, c'est solide, c'est sérieux, c'est évolutif, ça utilise les mêmes technologies qu'il y a 40ans (on peut être tenté de dire malheureusement), bref, le bon son ne meurt jamais, et le pécule investi sera garant de milliers d'heures d'écoute profitable pour toute la famille, musique, jeux vidéo, cinéma, internet... Tout passe par une chaîne hifi. A l'heure où les gens mettent 1500euros dans un laptop périmé au bout de 2 ans, 200euros dans un casque pourri devenu accessoire de mode ou 500euros dans une tablette bio-dégradable, gardons ceci à l'esprit: Le son, ça dure.

-2ème conseil : Optez pour de l'équipement dédié! Une platine CD n'est pas sensé faire autre chose que lire des CDs (tout comme le "camembert au bleu" Président, un non-sens!). Une solution intégrée implique forcément un certain nombre de compromis (je ne parle même pas des horreurs type home-cinéma intégré samsung!), et c'est bien souvent l'alimentation qui en fait premièrement les frais. Dans une solution idéale, le cheminement est le suivant: Lecteur CD -> Convertisseur N/A -> Préampli -> Ampli de puissance -> enceintes... Et encore, en restant sage! Il est bénéfique de traiter également le signal en double mono plutôt qu'en stéréo intégré, via 2 convertisseurs découplés, et donc 2 blocs de puissance mono séparés. Naturellement cela reste une solution onéreuse, et qui prend de la place. Mais sachez qu'une chaîne de périphériques dédiés fera toujours du très bon boulot, car chaque étage bénéficie de son propre boitier, de sa propre alimentation, et que les composants d'un chassis sont choisis en fonction de sa tâche principale, et non de sa cohabitation avec d'autres fonctions. Pour la majorité des gens, un lecteur CD avec convertisseur inclus et un ampli intégré regroupant préamp + ampli de puissance est la solution du compromis. A mon sens, séparer le préampli ou le convertisseur est une solution flexible et envisageable pour qui veut aller plus loin dans le respect du signal.

-3ème conseil : Prenez du Lourd !!! Il n'est pas envisageable d'attendre quoi que ce soit de qualitatif d'un ampli affichant 3 kilos sur la balance... La hifi, ça demande beaucoup de courant, et ça dissipe beaucoup de chaleur, donc ne prêtez pas attention à ce que les revendeurs nous vantent comme étant un progrès: la miniaturisation, c'est un non-sens, et si je dois parler avec mon coeur: c'est de la merde. Un gros chassis en métal qui pèse 10 kilos, c'est l'assurance d'un truc solide, qui ne transmettra pas de vibrations, qui sera blindé par rapport aux rayonnements électriques et magnétiques de votre logis, et qui dispose d'une alimentation richement dimensionné. Tout comme une petite enceinte ne peut pas faire du bon grave, un petit transfo ne sortira pas beaucoup de courant, ça doit être gros, le reste doit donc suivre... Une chaîne hifi, c'est lourd, encombrant, mais ça reste joli et rassurant, et ça sert même de chauffage d'appoint en hiver si on a du full Class A, votre chat va adorer.


Un canal audio... dédicace Ratus


-4ème conseil : Regroupez vos sources! Une chaîne hifi est un investissement, donc autant en tirer le maximum et optimiser cet update matériel pour en faire profiter toute la famille multimédia numérique : PC, TV, carte son, console, tablette, smartphone, platine vynil (ça existe encore et c'est génial, merci), serveur média etc... C'est là que le choix d'un convertisseur N/A dédié s'impose tout naturellement, car vous pourrez y relier tout et n'importe quoi... en coaxial, en fibre optique, en USB, et même désormais en Wifi & Bluetooth. Ainsi vous vous affranchirez des chipsets audio médiocres de vos machines et des connectiques hasardeuses en mini-jack, pour profiter d'une qualité CD sur la totalité de vos sources de divertissement, la différence à l'écoute est flagrante, de quoi redécouvrir ses films, ses playlists (lossless, sinon je me fâche) et ses jeux. Naturellement, tout ceci demeure en stéréo dans le sujet de ce blog, mais le multi-canal n'est guère plus compliqué à vrai dire. Et mieux vaut une bonne stéréo qu'un mauvais multi-canal, non mais!

-5ème conseil : Rester cohérent. Tout comme dans le monde de l'audio professionnel, il faut savoir que dans la chaîne du traitement du signal, tout écart de niveau de qualité est fatal. Par exemple, Si vous prenez un bon lecteur CD, un très bon ampli et un convertisseur à chier, la qualité générale de votre restitution audio s'abaissera au niveau lamentable de votre convertisseur creative à 39euros hahaha. D'où l'importance de demeurer cohérent dans le budget de chaque élément, qui doit être plus ou moins du même ordre, mais aussi dans le choix de la marque! Si certaines alliances de constructeurs sont connues pour bien fonctionner, ça peut aussi prendre des allures de roulette russe... la faiblesse d'un élément peut être balancée par la qualité d'un autre, mais on perd en cohérence et en unité. Mesure de sécurité pour le profane : prendre des éléments d'une même marque, et d'une même série, c'est moins exotique et rigolo, ce sera un système avec ses qualités et ses défauts, mais toute mauvaise surprise est à exclure. Généralement, le prix de l'ensemble hifi doit être à peu près égal au prix de la paire d'enceintes, voilà un bon équilibre.


 La série QED audio performance, irréprochable mais financièrement un peu dure...

-6ème conseil : ne pétez pas un câble! S'il y a bien un composant qui crée la polémique et alimente les fantasmes les plus fous, c'est le câble audio, qu'il soit numérique ou analogique, c'est l'élément qui va vous permettre de relier les composants de votre hifi entre eux. Et bon, il est très difficile d'avoir des déclarations définitives à ce sujet... Si une platine CD à 17000 euros c'est délirant, un câble à 1000 euros le mètre l'est encore plus je trouve... Donc j'adopterai un point de vue tout personnel à ce sujet, et éviter toute branlette à laquelle j'ai été maintes fois confronté. De ma propre expérience, un câble ne pourra que très rarement améliorer votre qualité de restitution, par contre, il peut l'affecter... Je conseillerai donc d'éviter les câbles No-Name premier prix, et d'opter pour les premiers prix de marques sérieuses comme QED ou dans une moindre mesure Real Cable, Connect Research etc... Sur un ensemble hifi de milieu de gamme, s'il est déjà très difficile d'entendre des différences entre une conversion coaxiale, optique ou AES, il est à mon sens quasi-impossible de relever des différences entre 2 câbles. Laissons donc fantasmer les propriétaires d'ensembles MacIntosh et autres machines de rêve... pour nous autres les prolos, fabrication sérieuse, distance la plus courte possible et prix raisonnable sont les seules choses à retenir de la connectique. Si votre équipement le permet, préférez toujours les connexions symétriques (AES, XLR...)

-7ème conseil : choisissez bien votre enseigne! La grande distribution est à fuir comme la peste... pas de bonne condition d'écoute, revendeurs mal formés, bourrés de préjugés, ya du bruit, ya du monde, les gosses pleurent, ça fait chier. Préférez les spécialistes, tout en gardant une nécessaire distance par rapport à certains discours, ils vous aiguilleront bien mieux et toute enseigne digne de ce nom aura son petit auditorium dédié, où vous pourrez comparer d'un simple switch plusieurs lecteurs, enceintes et amplis. Pour ma part, j'ai retenu Sonor Plus à Lille, mecs très sympas avec un bon stock, Elec'Son à Paris, qui ont des périphériques hallucinants, et tout le confort nécessaire pour une écoute sur rendez-vous (j'ai squatté des heures chez eux, accueillants les mecs), et dans une moindre mesure, Magma & Cobra à Paris, qui penche plus du côté de l'industrie lourde que du contact client (dédicace au gros con en chemise saumon), mais imbattables sur les prix et ouverts à la négociation, écoutes tout à fait possibles en semaine et aux heures creuses. L'arme ultime étant bien sûr votre patience, et vos CDs de référence! Ah, et allez-y avec un pote tant qu'à faire! Détail assez amusant, lorsqu'un gars va dans un magasin pour acheter une chaîne, peu importe son âge, il est souvent accompagné de son papa :) La Hifi, c'est un truc d'hommes!


Now we're talking... Elec'Son Paris


-8ème et dernier conseil : Fiez-vous à vos oreilles, et à rien d'autre! La hifi fait appel à la sensibilité acoustique et musicale de chacun, les préférences varient énormément d'un individu à un autre, selon ses goûts musicaux, son éducation et le conditionnement de son organe auditif. C'est d'ailleurs cette sensibilité qui sera mise à l'épreuve lors du choix de la marque, un bon test à mon sens, est d'écouter une sélection de 3 ou 4 ensembles hifi sur une même paire d'enceintes de référence, mais à l'aveugle, sans savoir de quelle marque il s'agit, je trouve que c'est un bon exercice (tout comme je m'amuse à faire un EQ les yeux fermés lorsque je suis dans le doute!), ce seront vos oreilles qui choisiront, et le modèle élu sera peut-être celui auquel vous vous attendiez le moins! Pour ma part, c'est sans doute dû à mon métier et à mes habitudes, mais mes esgourdes ont toujours privilégié un son assez analytique, j'attache une grande importance à la définition des transitoires et aux micro-détails, tout en restant très sensible au phénomène de "Jitter", appelé aussi scintillement, qui a tendance à me rendre fou. Mon choix se fait donc souvent sur des appareils à transistors, délivrant beaucoup de courant, avec une bonne diaphonie, et souvent garnie d'un convertisseur professionnel, genre Burr-Brown ou Audio Analogue... Finalement un rendu neutre, très détaillé dans l'aigu, flatteur ou agressif diront certains, mais c'est ce qui me plaît, ce à quoi je suis habitué, et j'en tire toujours autant de plaisir, que ce soit sur une symphonie de Mahler ou un bon vieux Death Metal des familles.


Voilà, j'espère que ces indications ont pu vous aider dans vos choix! Pour ma part cela fait 10 ans que j'écoute ma musique sur des Triangle Celius 202 et j'en suis toujours autant satisfait, elles ont été accompagnées d'un ensemble TEAC sur la même durée, mais qui a évolué dernièrement pour un ensemble de chez Advance Acoustics, marque française de bonne facture, via une platine CD MCX300, un convertisseur MDX600 qui me permet d'avoir un net gain qualitatif sur toutes mes autres sources, et un ampli MAP306, qui a une bonne patate, et qui a la particularité de pouvoir fonctionner en (simili) classe A via un simple switch, chose que je ne manque pas de faire dès que j'écoute du Jazz ou du classique, le contraste avec la musique moderne étant plus ténu, je me contente du simple mode AB, moins énergivore. Si l'ampli a été un gros bond en avant par rapport au mon ancien, la platine CD ne m'apporte qu'un gain qualitatif minime... Ca rejoint ce que je disais plus haut, cette saloperie n'est pas meilleure qu'une platine vieille de 10ans! Pour aller plus loin dans la qualité, le porte-feuille aura du mal à suivre! Par contre le convertisseur est vraiment pas mal du tout, il offre pas moins de 9 entrées numériques donc c'est l'idéal pour celui qui a beaucoup de sources! USB asynchrone, coax, optique, AES et même des connectiques XLR pour attaquer des monitorings. Bref c'est un ensemble homogène, pas exceptionnel, mais largement suffisant pour une écoute domestique confortable et flexible en terme de possibilités. Prochaine étape, un transmetteur audio Bluetooth! Maxou s'est décidé de vivre avec son temps...


 Ca fait la taille d'un mec, et pas un petit...

Bon, et puis allez, histoire de rêver un peu, voici le système qui m'a le plus retourné en 30 ans d'écoutes, j'ai nommé les Klinger Favre Studio 30 ci-dessus, que j'ai pu découvrir à Dunkerque chez Orion productions. C'est une redécouverte musicale de chaque instant, délivré par un système sans compromis ni zone d'ombre... tout à fait adapté au mastering soit dit en passant. Le prix de l'excellence, une année de salaire de classe moyenne, sans compter l'ensemble ampli + DAC qui doit flirter avec les 40 kilos!

LâcheZzZzzz vos CoMzZZ Lol ;0) :*:*:*: :p

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