mercredi 3 février 2016

Suis la m'sure un peu !!!!

Je rappelle le but de la manœuvre... après avoir fait un premier jet formel et mécanique d'aménagement acoustique du local sans réelle préoccupation mathématique, mais uniquement basé sur mon expérience et mes convictions (pis pour me faire plaisir aussi), je procède maintenant à la partie calcul des modes de fréquence et mesures des différents critères prioritaires : réponse en fréquence, réverbération, retard de groupe et homogénéité de l'énergie sonore.

Première étape : calcul des modes. Rien de compliqué, cette étape va nous permettre de déterminer les fréquences problématiques (c'est à dire trop fortes ou pas assez) induites par les dimensions du local. Les calculs des modes axiaux se font entre 2 parois parallèles, je fais l'impasse ici sur les modes obliques et tangentiels, bien plus complexes à calculer et relativement négligeables face à l'importance de l'axial. Autrement dit, avec ma pièce aux dimensions complexes, il va falloir faire œuvre de compromis en la traitant comme un bête volume rectangulaire. Résultats à prendre avec des pincettes donc, mais qui me donneront une première idée pour l'emplacement optimal de mon sweet spot et de mes enceintes.

Sur le papier, pour un mode N, on applique la formule : fréquence modale N = (Nx340)/(2xL), L étant la distance entre 2 murs. Le calcul des modes est important jusqu'à 500Hz, ses répercussions sur l'écoute sont bien moindres au-delà, la réponse en fréquence du signal étant par contre entièrement tributaire des dimensions d'un local de petite taille en dessous de 200Hz... les longueurs d'onde coïncidant souvent avec les longueurs métriques, on a une adaptation d'impédance acoustique entre l'enceinte et le local. Manque de bol, avec un rapport entre longueur et largeur de pièce qui est pas loin d'être entier (grosso merdo 3,5x4m) je multiplie les risques de modes coïncidants, avec des boosts accumulés sur les modes pairs, et des « noeuds » sur les modes impairs... Bref, la pièce carrée est la plus difficile à traiter car les modes entre les deux parois sont doublés, en perte comme en gain! Sur une forme plus rectangle on est plus susceptible d'avoir des coïncidences heureuses, un noeud pouvant annuler un ventre de fréquence et inversement. Sur le papier, outre un 50 et un 160Hz bien placés pour faire chier, je repère des sérieux problèmes de coïncidences autour de 270, 360 et 450Hz (nœuds, modes impairs) et 320, 410Hz (Ventres, modes pairs).

Ca me rappelle les années fac...

Je retrouve, avec une marge d'erreur de 10/20Hz ces estimations avec le « room simulator » de Room EQ Wizard, qui va me permettre à l'aide de simulation de placements source/auditeur de faire le meilleur compromis, en plus d'ajouter le calcul des modes entre sol et plafond. Méthodologie : on minimise l'importance des stationnaires et faisant jouer le placement virtuel source/auditeur, que l'on applique ensuite sur le terrain. J'ai donc reculé mon sweet spot de 50cm tout comme j'ai un peu éloigné mes enceintes du mur, le phénomène est déjà un peu atténué. Ces placements se confirment « en dur » tout simplement en utilisant un générateur de sinus où l'on choisit les fréquences à problème, avant de se déplacer dans la pièce pour repérer les nœuds et les ventres. Bref, j'y ai mis 2 bonnes heures, mais j'ai un sweet spot « moins pire », même si évidemment c'est un gros compromis à faire sur les fréquences <150Hz où une position d'écoute déplacée de quelques centimètres ne fera pas vraiment la différence par rapport à la longueur d'onde. J'ai corrélé ces résultats avec une suite de 5 mesures de réponse en fréquence par pas de 25cm à l'aide de REW. J'ai principalement limité la casse pour le 50Hz quasiment annulé au centre de la pièce, pour le reste, Alea Jacta Est !


Le Room Simulator de REW, nickel pour optimiser les positions source/écoute


Dans le Room Simulator, j'ai pu déterminer à l'aide de calculs bien relous quels murs étaient les plus sollicités dans l'atténuation des modes en faisant varier le coefficient d'absorption de chaque paroi. Comme je l'avais senti, c'est surtout le plafond qui joue un rôle important, mais en faisant le rapport entre l'aire totale de la paroi et l'aire totale de mes absorbants allant jusqu'à une aborption de 0,92 dans les Hfs, j'arrivais déjà virtuellement à des résultats concluants, à savoir des modes encore présents, mais avec des écarts de niveau nettement atténués, nous pourrons le vérifier plus tard. Vous trouverez de précieux renseignements concernant le coefficient d'absorption de divers matériaux à cette adresse : http://www.bobgolds.com/AbsorptionCoefficients.htm

Ensuite, escabeau en main, dans un moment pouvant être considéré comme un Everest du FUN, j'ai enlevé tous mes traitements, tapis, rideaux de la pièce afin de procéder à une mesure à vide pour voir l'étendue des dégâts avec un sweet spot pourtant à peu près optimisé. C'est parti !

A poil la régie!

Sans surprise, une réverbération de ouf, un écho presque métallique lié à la hauteur sous plafond et une isolation des combles merdique, boosts de graves aux 4 coins de la pièce (le grand classique), un medium pas amorti du tout, un gros nœud d'infra au centre de la pièce, et une vraie séance de ping-pong générale dans l'aigu. 3 mesures : sweet spot, sweet spot avancé de 25 centimètres, sweet spot reculé d'un mètre, et écoute client dans le coin de la pièce, là où généralement les gens se posent sur un fauteuil en jouant à Angry Birds. Ok, maintenant on remet tous les traitements et on fait la différence via ces 4 mêmes mesures, je ne les exposerai pas toutes ici, 80% d'entre vous ne sont pas arrivés jusqu'ici avouez!

Vert VS Rouge, Rouge Wins!

Au sweet spot, la réponse en fréquence demeure cruelle, on pouvait s'y attendre car dans ce domaine, quelques absorbants costauds ne peuvent atténuer significativement le comportement d'une pièce dans son comportement dimensionnel. L'ensemble demeure donc accidenté, j'y retrouve les modes problématiques précédemment calculés avec une marge d'erreur allant de 5 à 30Hz (évidemment là je ne mesure plus un rectangle, le 160 sur papier est devenu 180 par exemple), mais on note cependant une belle réduction des différences de niveau, la dynamique maximale aux points les plus critiques entre ventres et nœuds passe de 40 à 23dB, c'est un premier jet déjà efficace en attendant une correction numérique complémentaire, qui du coup se fera avec moins de violence, et donc moins de problèmes de phase et de distorsion, il est toujours prudent de doser raisonnablement les gains d'un EQ digital, qui de toute évidence ne sera pas un Weiss Digital à 5000euros hahaha.

Signe que je n'ai pas trop foiré l'emplacement de mon sweet spot (ici en rouge), que ce soit 50cm devant ou 1m derrière, c'est le carnage! 

Eléments bien plus parlants et encourageants, les différences de temps de réverbération, de retard de groupe et donc de Waterfall. Ces graphiques apportent tous un gain très important en conditions d'écoute et prouvent que mon aménagement, c'est malgré tout pas d'la branlette. L'énergie acoustique est mieux contrôlée, l'aigu moins dispersé, la réponse impulsionnelle plus courte et efficace, l'effet de brillance nettement amoindri, et le TR60 rabaissé à des conditions presque excellentes. En clair, la pièce est mieux amortie, plus stable, plus lol, plus swag.

le TR60, radicalement diminué au sweet spot et au point d'écoute client, success! (point d'écoute client dans un coin, ce qui explique le rendu dans l'infra)

Le Group Delay, ou temps de propagation de groupe en fonction de la fréquence, est lié à la cohérence en phase du signal et des premières réflexions du local. Le retard dans les graves augmente leur niveau subjectif comme c'est bien souvent le cas dans les petites pièces, phénomène aggravé par les premières fréquences modales. On verra comment quelques bass-traps corrigeront le tir. On retrouve également ce fichu noeud autour de 180Hz déjà présent sur la réponse en fréquence. Pour la partie >200Hz, mon petit aménagement fait ici du très bon boulot!

La réponse impulsionnelle (IR), mesure un peu compliquée à expliquer par écrit, disons qu'il s'agit plus ou moins de l'empreinte acoustique du lieu! (utilisée dans les reverbs à convolution) On voit ici que le "pulse" est plus bref, plus net, soit moins de "traînage" dans la pièce.


Le Waterfall illustre la rapidité de dissipation (ou écoulement) de l'énergie acoustique, ce facteur est directement lié à l'écoute par la capacité de la diffusion à restituer la séparation des plans sonores et l'équilibre dynamique, très important donc, surtout en home cinema! Une écoute de proximité exige une décroissance rapide au delà de 500Hz, le tir a bien été corrigé ici, mais la dissipation est encore un peu longue au-delà de 5k, ceci devrait être corrigé en remettant quelques absorbants sur le comble de droite, et surtout au plafond, dont la grande hauteur implique directement une énergie qui met plus de temps à s'éteindre.

Alors, quelles conclusions? Eh bien je suis plutôt satisfait du rendu, la salle s'est amortie considérablement, impactant directement sur des phénomènes essentiels comme l'amortissement du champ diffus, l'atténuation des premières réflexions, la tenue transitoire et l'équilibre dynamique. 
Du côté de la tenue en fréquence, le bilan est évidemment plus mitigé même si les défauts ont déjà été minimisés, je ne m'attendais pas à des miracles sur le <200Hz car je n'ai pas conçu de bass-traps, mais je n'ai pas été aidé par les dimensions quasi-carrées de la pièce qui tendent à aggraver les problèmes (et encore je n'ai pas de caisson!), sur cette partie du spectre, nul doute que seule une solution digital/dsp pourra faire une réelle différence.
Autre truc que je n'ai pas vu venir, mes 4 panneaux frontaux, éloignés de 10cm du mur, au-delà d'amoindrir les écarts noeuds/ventres, ont également participé à créer de nouveaux stationnaires placés plus haut dans le medium (2/400Hz), effectivement cet ensemble peut s'apparenter à un "mur" qui réduit la distance entre les 2 parois, le choix d'une densité volumique très forte n'était peut-être pas le meilleur choix.
Quant à l'emplacement du sweet spot, il est optimisé mais encore fragile, il suffit parfois d'un mouvement de tête de 20cm pour ressentir une baisse drastique de niveau (180Hz dans mon cas)
La brillance encore présente, si je ne l'avais pas vraiment anticipée, ne posera quant à elle pas de problèmes particuliers, il me suffit de compléter un peu l'installation actuelle avec les mêmes moyens que précédemment, j'ai de toutes façons l'habitude d'une écoute un peu "airy" dans cette partie du spectre.
Côté méthodologie, je ne regrette rien, je pense avoir fait les choses avec du sens, ce n'est certes pas la méthode classique qui consiste à faire ses maths avant toute chose, mais mon anticipation mécanique formelle de certains problèmes, puis leur proche correspondance avec mes mesures et calculs tarifs se sont avérés payants.

Le petit coin client, qui profite également de conditions d'écoute plus fidèles

Et alors, concrètement, quelles améliorations restent à faire ? Eh bien les problèmes non-résolus par mon premier jet sont désormais identifiés et prêts à se prendre une grosse tartine dans la gueule.

-La nette brillance du spectre m'a surpris, je suis coutumier d'une écoute assez analytique dans l'aigu, mais je ne m'attendais pas à ce que les HFs >5k subsistent de la sorte. J'ai en parti résolu le problème en m'aidant de la directivité croissante des PMC, c'est à dire qu'en leur exerçant une petite rotation convergente vers mon point d'écoute, j'ai dévié le sweet spot à 20cm devant mes oreilles, les aigus ne sont ainsi plus en « champ direct » et je profite d'une pente plus douce due à cette déviation. Mais le plafond est encore à incriminer, son rôle de piège à HFs n'est pas encore optimisé.

-Remplacer les pieds d'enceintes stéréo par des bass-traps cylindriques : placés à proximité des coins avant, ils devraient significativement chatouiller les écarts de niveau importants et les résonnances autour de 70 et 180Hz. Voire rétablir un peu de vérité dans le bas-medium?

-Placer 2 autres de ces Bass-Traps à l'arrière du point d'écoute, ils permettront d'apporter une écoute client moins faussée dans le grave, et pourront servir de pieds aux futures enceintes surround. Je suis moins certain de leur efficacité que ceux qui seront placés devant, mais ça vaut le coup d'essayer, Inch'Allah.

-Renforcer le dispositif absorbant du plafond, pour cela j'hésite encore... passer leur nombre de 3 à 4? Mais je pense plutôt prendre deux bêtes panneaux commerciaux que je placerais au-dessus des miens, moins denses, moins lourd, ils combleront les brèches encore ouvertes dans mon système suspendu et seront 100% dédiés aux Hfs qui semblent encore flotter un peu là-haut (réponse en fréquence encore brillante, énergie >5k pas encore assez rapidement dissipée sur le waterfall), mes panneaux « maison » renforcés ayant une densité volumique un chouilla trop élevée pour garantir une absorption totale.

-Refaire 2 panneaux "maison" sur le comble droit, les mesures issues de l'enceinte droite seule souffrent encore un peu d'une brillance supplémentaire liée à cette paroi nue dont le pouvoir d'absorption ne doit pas être loin de zéro... A vrai dire si je ne l'ai pas fait avant, c'est parce que je n'avais plus assez de matériaux et que j'avais la flemme... Leroy Merlin Here I come!

Gros budget supplémentaire donc, les Basstraps Hofa ne sont pas donnés (150 pièce), mais apparemment très efficaces, et à vrai dire je ne me sens pas trop de les fabriquer moi-mêmes car ils devront être capables de recevoir une charge lourde. 


Je vais donc procéder à ces aménagements supplémentaires dans le mois à venir, suite à ça bien évidemment on mesurera l'apport qui en découle, et on aura si Dieu le veut une base acoustique très solide qui pourra enfin accueillir un dispositif 5.1 qui ne ment pas, et une éventuelle calibration acoustique digitale qui fera entrer le tout dans une solution sans compromis!  Et les compromis, moi, j'aime pas trop :)


dimanche 17 janvier 2016

J'suis tombé dans l'panneau acoustique mec !

Une pièce dédiée pour la post-prod, Alleluia! Quelques mesures, pas mal de papier, des pots de peinture, un pantalon tâché... le décor est posé, maintenant place à l'acoustique! 2 grandes surfaces parallèles, un plancher bien dur, une grande hauteur sous combles façon cathédrale, ça commence plutôt mal tout ça... Quelques mesures réalisées avec Room EQ Wizard et un micro de fortune confirment l'ampleur des dégâts, et le chantier est tel que je renonce dans un premier temps aux mathématiques pour élaborer un premier jet de correction très formel, que je pourrai modifier et moduler à loisir via une véritable calibration numérique à base de mesures IIR ou FIR lors de futures mesures plus pointilleuses sur lesquelles je reviendrai prochainement. Dans l'immédiat, le but du jeu est de nettoyer au maximum le volume de ses premières réflexion intempestives dans le post 200/300Hz, qui lui demandera de véritables Basstraps et quelques Eqs éventuels.

Le cachier des charges:
-Le toit, qu'il faut absolument rabaisser au maximum via un plafond constitué de dalles acoustiques flottantes, de sorte à créer un espace acoustiquement "mort" au dessus, une sorte de piège à son, qui absorbera les HFs à la fois par dessous, et par dessus.
-Limiter les stationnaires des 2 murs parallèles.
-Habiller les autres murs via une conception à amortissement réparti.
-Ne pas dépenser trop de sous.
-Conserver un aspect modulable, qui permet de ré-aménager et/ou déménager le studio rapidement.
-Rendre le tout un minimum Sexy.

La solution des panneaux acoustiques amovibles s'est imposée assez naturellement. La nature même de la pièce rend la construction de "Corner Bass-Trap" assez dissuasive, et doubler des pans de murs entiers un chantier trop laborieux pour moi qui part à peu près du niveau zéro sur l'échelle de mac gyver.

Je me suis sans grand enthousiasme penché sur les solutions commerciales existantes concernant les panneaux absorbants, offre certes pléthorique, mais qui pêche soit par manque de sérieux, soit par budget bien trop élevé. Les solutions existent pour les bourses peu remplies, mais ce ne sont pas quelques pans de mousse ou quelques blocs style Auralex/Colsound qui vont révolutionner les choses... Soit, j'opte pour le 100% fait maison, gratifiant à plus d'un titre. J'ai centré ma construction sur un principe très simple, un cadre en bois bourré de laine de roche, et recouvert de tissu. Jusque là, pas de défi particulier. Cependant, j'ai prévu des panneaux suspendus, que ce soit au plafond ou sous les combles, il faudra donc les dissocier des autres et les renforcer un maximum de manière à ce que la laine ne s'affaisse pas au fil du temps, voilà qui serait bien vilain... Autre élément qui demande quelques découpes supplèmentaires: les blocs carrés.




Pour le bois, j'ai opté pour du sapin, que vous pouvez acheter en planches d'envergure dans toute bonne enseigne de bricolage. Pour ma part j'ai procédé à une découpe professionnelle sur place de manière à avoir des planches de 10x250cm, que je découperai ensuite... à la scie! Cumulant un total de 15 panneaux, autant dire que les ampoules au doigt étaient programmées. La précision de la coupe est primordiale, donc ne vous précipitez pas sous peine d'avoir des panneaux tordus... pour l'assemblage, un couple de serre-joints de grande dimension, et des vis à bois de bonne qualité.



Une grosse douzaine d'heures de travail plus tard vint le choix de la laine de roche... Là encore, j'ai fait simple via les panneaux RockWool Rockplus, qui présente une lourde densité volumique et sont pré-découpés à des dimensions idéales, 135x60cm et une profondeur de 10 cm, impeccable. D'autres choix sont possibles selon les coefficients d'aborption souhaités, j'ai d'ailleurs opté pour une laine moins dense pour faire mes panneaux carrés. Mes cadres en bois accueillent quant à eux une surface de 133x58, de manière à ce que la laine tiennent bien en place. Si c'était à refaire je me contenterais peut-être de conserver la même dimension que les blocs Rockwool, car c'était parfois une misère totale pour les faire entrer dedans! Les panneaux sont couverts d'un pare-feu qu'il va falloir enlever laborieusement, car cette saloperie est solidement collée... Votre meilleure arme pour la découpe de la laine: le couteau à pain! C'est pas faute d'avoir essayé autre chose, mais je n'ai rien trouvé de mieux...



Après avoir commandé quelques échantillons, en matière de tissu j'ai retenu la toile de jute... ses mailles sont solides mais suffisamment aérées pour « laisser passer » le son, des finitions colorées sont possibles, et le tarif est bien plus serré que du coton haute densité. J'ai d'ailleurs acheté un grand rouleau de toile naturelle pour faire l'arrière des panneaux, tandis que les faces seules sont en couleurs. Quelques dizaines d'euros de gagnées... On s'attaque donc ici à la partie la plus chiante... des milliers d'agrafes viendront maintenir le tout en place, et il est indispensable de tendre le tissu au maximum, chose peu aisée lorsqu'on exerce en solo, mais pas impossible pour autant. Pour les panneaux standards j'ai juste "emballé" la laine dans de la toile de jute marron, pour ainsi la refermer sur l'avant, puis appliqué la toile de couleur par dessus. Pour les panneaux suspendus, même opération sauf que j'applique une couche supplémentaire sur l'avant, de manière à ce que la laine soit parfaitement contenue.




Comptez en moyenne 1h30 à 2h par panneau... et oui... Pour l'esthétique, il faut bien faire gaffe aux coins et aux plis, on se foire les premières fois et après roulez jeunesse! Inconvénient de la toile de jute, ses mailles peuvent s'arracher facilement, il convient donc de bien la tendre, mais pas à l'extrême non plus sous peine d'avoir des coutures qui s'étirent dangereusement. Pour les renforts des panneaux suspendus j'ai testé des cornières en métal, des armatures en plastiques... mais non seulement le panneau gagne (trop) en masse, mais il souffre aussi d'une déformation accrue dans le temps, bref, on oublie, et la solution de la toile de jute naturelle bien tendue des 2 côtés puis recouverte est vraiment à toute épreuve, très solide.

                                                     
Vient ensuite l'étape que je redoutais un peu, l'accroche! Mine de rien les bestiaus font leur poids, et quitte à me ramasser un peu j'ai voulu tenter plusieurs choses... Pour les surfaces bétonnées j'ai choisi de grosses chevilles plastiques associées à des pitons de 10cm de long, ce qui permettra aux panneaux d'être placé à la mÍme distance du mur... même principe que pour le plafond donc, le son passera un peu derrière également, c'est toujours bon à prendre. Pour le placo pas vraiment de choix possible sinon la cheville Molly, et à ce titre mieux vaut prendre du costaud. Ces panneaux muraux seront accrochés via 3 points, designés par des petits crochets à visser directement dans le bois, ce qui implique de tailler la toile à ces endroits précis. Pour le plafond, même principe sauf qu'il y aura 4 points d'attache suspendus à des pitons vissés via cheville molly, le tout relié avec du fil de laiton, bien costaud et qui permet d'ajuster la longueur au millimètre près en lui appliquant une petite torsion. Quelques ajustements auront été nécessaires, le temps de laisser aux fils le temps de se tendre au maximum.




Sur le papier, ça marche plutôt bien tout ça... Mais le budget est à l'avenant, et mine de rien toute la partie quincaillerie représente une part à ne pas négliger, crochets, pitons et chevilles sont chers pour peu que l'on prenne du costaud, et dans le cas de gros panneaux suspendus au-dessus d'un matériel onéreux, autant ne pas trop fonctionner à l'économie. Privilégiez la molly tant que possible, mes chevilles plastiques se sont révélées à la hauteur pour les petites panneaux carrés d'un poids très relatif, mais trop justes pour les 4 panneaux principaux devant le point d'écoute, j'ai corrigé ça depuis...

Seul regret, j'aurais vraiment dû ajouter une fine couche de cellulose ouatée (coton très fin) en plus de la laine de roche sur la surface visible du panneau, 2 couches de toile de jute ne permette pas une filtration 100% complète des fibres de laine, résultat, la première semaine il y en avait partout! J'ai donc re-démonté les panneaux du plafond pour les équiper avec ça, depuis c'est parfait, 100% étanche ;)



Voilà le résultat! Je m'arrête là pour aujourd'hui, c'était la partie mécanique! Dans un prochain article je vous présenterai les mesures acoustique faites avec et sans habillage, ce qui nous permettra de déterminer le gain réel de ce type d'aménagement, et de définir les solutions complémentaires, matérielles ou logicielles, pour parfaire l'équilibre de l'ensemble. Mais ce premier jet m'a déjà largement sauté aux oreilles, le mécanisme du plafond est très efficace pour drastiquement diminuer le RT60, le sweet spot s'est considérablement élargi, et les premières réflexions ont sérieusement morflé, l'architecture même de la pièce sous combes y aidant un peu!

Bref, mon humble contribution qui pourra peut-être donner des idées aux home-studios, home-cinema et autres... ;)

lundi 8 décembre 2014

Prenez, et HDez-en tous !!!! Ceci est mon blog etc...

Si je devais retenir quelque chose de cette année 2014 en terme d’audio et plus globalement de musique ce serait : « Ca va beaucoup mieux »




Bah oui quoi… Tout va vraiment beaucoup mieux ! Le constat s’impose de partout, sur les labels, dans les rayons des magasins, sur la tête des gens, sur internet, chez nous, au boulot, partout ! Le numérique est, je le crois sincèrement, parvenu à son entière maturité. Constat tardif tandis que les premiers Cds ont plus de 35ans et que cette technologie est ancrée dans tous les studios depuis bien longtemps, certes ! Mais en prenant le phénomène dans sa globalité et tous ses champs d’application possibles, il n’y a plus le moindre doute ni la moindre zone d’ombre quant à l’intérêt de consommer et travailler sa musique numériquement.


C'est pas faux, mais c'est plus vraiment vrai...


Il y a encore 10ans je trouvais sincèrement que beaucoup d’outils numériques de traitement du signal, notamment les plug-ins, n’étaient pas encore à la hauteur de leurs homologues électroniques. Idem pour les synthés, les outils de mastering… Pire encore ! On mixait tout à burnes et on consommait du MP3… quelle vilainie, quelle… merde ! N’importe quel casque au dessus de 50euros vous le dira, le mp3 c’est vraiment moche… Avec le recul je ne sais réellement pas expliquer (ou je le refuse ?) la popularisation du format, ça a fait tant de mal ! Les disques durs étaient pourtant conséquents, les vitesses de connexion déjà bien établies… Mais non, le CD a vraiment été mis derrière tous ces fichiers mal encodés, que l’on écoutait n’importe où, sur n’importe quoi, et surtout n’importe comment. D'autant plus frustrant que l'image vidéo, elle, a passé son test de la HD avec le succès que l'on connaît!


Tiens, voilà du boudin...


Mais depuis quelques années les indices sont nombreux et les mœurs changent, on se remet à consommer du son avec respect & conscience. Le format flac et ses collègues « lossless », pourtant âgé, est désormais partout : des fichiers sur les plate-formes de streaming musical, des fichiers offerts pour l’achat d’un CD, des fichiers à télécharger légalement ou pas, des fichiers oui, mais quels fichiers ! Différence indiscernable avec un master CD tout en prenant moitié moins de place, c’est définitivement du tout bon, mangez-en. A côté de ça, les ventes de vynils explosent, le streaming en ligne se met à la HD, les lecteurs audio « bit-perfect » pullulent, les fabricants de téléphone prennent soin de leurs sorties casque, le format Blu-ray met le son HD dans tous les salons, la norme Loudness remet de la dynamique dans vos programmes TV, la production musicale se décompresse, en terme de mixage la mode est au vintage… Bref, on lève le pied, on respire mieux, on fait l’amour, le beau son est de retour !

Et les constructeurs n’ont pas mis longtemps à comprendre que ce « beau son » réduit à l’état de marché de niche depuis l’avènement du MP3 allait bien finir par revenir en force. Et bien ça y est, nous y sommes ! Le marché des convertisseurs Hifi en dessous de 500euros est devenu un vrai champ de bataille où règne une concurrence féroce, l’iPod se fait massacrer par toute une armada de baladeurs audiophiles, les Smartphones se dotent d’amplis casques et de convertisseurs externes nomades… Bref, tandis que les platines CD se construisent toujours de la même manière, la musique dématérialisée a su s’adapter et jouit d’une offre matérielle immense où USB asynchrone et décodages de fichiers audio HD ont le vent en poupe. Ca va même beaucoup plus loin que je ne le pensais car on assiste carrément à un retour en force du format .DSD !!!!


Ce truc, je veux le voir partout !!!


Format tout à fait confidentiel depuis la création du SACD, le « Direct-Stream-Digital » est le top du top en matière de conversion numérique du signal mais a été malheureusement enterré vivant par la dématérialisation et la politique commerciale de ces foutues majors qui en ont fait un format tout à fait élitiste et bien trop cher. Mais ces dernières années, quelques petits malins se sont amusés à ré-encoder ces précieux disques (à peine 10000 produits) en Flac 24bits/192kHz, accordant plus ou moins légalement aux internautes les plaisirs de l’écoute codée sur un bit et échantillonnée 64 fois plus que le CD. Pour en consommer assez régulièrement, je le dis et je le gueule ! Le SACD c’est purement génial, n’importe quel album de jazz ou de classique vous envoie sur la stratosphère du plaisir d’écoute. Comparer un CD à son homologue SACD est toujours une révélation… finies les limites du redbook et de la pente raide à 22kHz… désormais c’est bande passante infinie, dynamique étendue et… ça s’entend ! Sur le « The Fall » de Norah Jones par exemple, le SACD présente un bas du spectre magnifique, hyper défini par rapport au CD, tandis que l’apport des harmoniques à très hautes fréquences apporte une présence accrue sur les voix, les cordes, sur tout en fait…

Et ce plaisir se démocratise fortement, tandis qu’une platine SACD coûtait quelques milliers d’euros, tous les convertos moyens de gamme s’arment maintenant du fameux label Dsd64, l’excellent Qobuzz propose de nombreux albums encodés en Flac 24/192, et ce n’est que le début ! Gageons que de véritables fichiers .Dsf (conteneurs du Dsd) feront bientôt leur apparition, tout comme de nouvelles évolutions du format actuellement en chantier comme le Dsd128. Alors certes, quasiment tous les studios travaillent et livrent toujours en PCM, mais n’empêche… les choses changent et la musique bouge.


iBasso a remis en selle la haute qualité d'écoute nomade à prix serré, un test est à venir! ;)


Bref, la dématérialisation a enfin pris le bon cap, celui des fichiers qui pèsent lourd, des métadatas bien ordonnées et de la haute définition. Ce regain d’intérêt dans la qualité profite à tous ! L’ingénieur du son branché musique mixe désormais en 24bits/88.2kHz, son homologue cinéma fait encore monter les chiffres et tous deux profitent de plug-ins surpuissants tirant avantage de cet échantillonnage accru pour parfaite leur finesse de traitement. Les convertos sont eux de plus en plus efficaces, à tel point que le domaine professionnel se rapproche sérieusement des appareils grand public où il n’est plus rare de voir des Sabre ESS-32, des circuits de conversion montés en double mono, avec alim’ haut de gamme, sorties XLR et tout le tralala… Cette nouvelle donne profite également aux enceintes actives, partenaires de choix pour une solution laptop/dac peu encombrante. Et les casques alors ? Tandis qu’un certain Dr Dre a eu l’idée d’en faire un accessoire de mode pété de basses il y a quelques années, il faut désormais reconsidérer l’offre actuelle très sérieusement, c’est tellement la guerre pour s’emparer du marché que la qualité a grimpé en flèche ! L’arrivée de nouveaux arrivants comme Parrot ou Focal dans ce domaine a fait pencher la balance du côté du « beau son » encore une fois, et les amplis casque, ces grands oubliés, refont leur apparition en rayons avec quelques surprises, comme l’exceptionnel modèle de chez Oppo, constructeur qui d’ailleurs a beaucoup fait avancer les choses en matière d’audio ces dernières années.


Le Teac DA-501, un converto hifi qui met la misère à pas mal de machines estampillées "Pro"!


Et quant à moi, refusant jusqu’alors la dématérialisation, il faut bien avouer que j’ai fait marche arrière toute… Enfin ! Probablement fatigué par la compression et le piratage, seul le fétiche CD trouvait grâce à mes yeux, avec la certitude qu’il n’était pourtant qu’un format désormais obsolète et vendu toujours aussi cher, qu’il ne demandait qu’à être ré-inventé ! Si le SACD a failli dans cette entreprise, la musique dématérialisée elle, a remporté ce défi de nouveau millénaire avec succès et est parvenue, sans l’infâme concours des maisons de disque, à s’imposer comme la nouvelle manière de consommer la musique. Anti-matérialiste, libre d’aller sur tous les supports, libre d’être partagée… je lui reconnais désormais toutes ces vertus, et avec une certaine honte avouer que j’ai eu tort de ne pas avoir cru en ce futur-là ! La dématérialisation de poursuit donc, j’en fais désormais partie intégrante, mais avec la certitude que certaines choses ne mourront jamais et feront toujours vivre la musique comme aucun convertisseur ne pourra le faire. La collectionnite, une galette noire, un sillon, une platine… Reliques d’un temps passé révolu techniquement, mais empli de cette saveur particulière, quand acheter un vynil chez le disquaire, c’était un petit événement. Aujourd’hui, écouter un SACD sur son baladeur, c’est aussi un événement, ainsi soit-il.



Voilà, je suis content, j’avais juste envie de le dire… Je suis fier de bosser pour ces nouveaux formats, ces nouvelles écoutes, cette nouvelle fidélité audio qui gagne nos foyers, et qui remet beaucoup de gens sur la bonne voie pour une consommation musicale consciente et épanouie.


jeudi 4 décembre 2014

PMC, Petit mais pas si Costaud finalement...

Allez, l’année se termine et il serait temps de passer au bilan ! Bilan qui commencera par une petite broutille qui pourra intéresser les possesseurs d’enceintes PMC, plus particulièrement les TB2S-AII précédemment testées en ces pages. Stupeur ! Ces enceintes ont bel et bien un défaut ! Plutôt méchant qui plus est ! Il s’avère qu’en une belle après-midi destinée à faire un peu de design sonore, il a suffi d’un woosh du genre « cinematic deep infra-impact of death » pour que mon enceinte droite se taise tout à coup. Témoin éteint, click on/off, changement de câble… rien à faire, ça ressemble bel et bien à une alim’ qui vient de cramer… On éventre l’ampli vite fait et effectivement, l’alim’ et sa carte sont noirs, pouf, enfumés !
Petit coup de fil au désormais nouveau distributeur de PMC en France alias Studio Dealers à Paris, entreprise dirigée par Serge, toujours sympa et jamais avare en conseils et discussion. Coup de bol, je suis à un mois de la fin de garantie et PMC me refile un DS001 flambant neuf (et… bleu, bah oui, maintenant c’est bleu)


Blue is the new Black


Mais le problème est là et bien là : les DS001 à l’arrière du coffrage chauffent, et chauffent beaucoup, jusqu’à ce que… On est certes habitué au hardware qui commence à coller des gouttes au front dés que la journée s’éternise dans une météo propice à un combo grillades/rosé, mais ici c’est davantage le conditionnement de l’appareil qui est à incriminer. En cause : un ampli bien trop à l’étroit, et des mousses alvéolées trop épaisses et denses pour assurer une circulation de l’air convenable. Résultat, et bien Pouf ! hauts niveaux sonores et horaires à rallonge peuvent représenter un danger pour ces excellents petits classe D à haut rendement.

Allez les filles, ici vous serez plus à l'aise

La solution existe, et elle est simple : enlever les bestiaux pour les mettre ailleurs ! Avec pour résultat une belle case vide à l’arrière du coffre de l’enceinte, dommage c’est fondu dans la masse et pas modulaire pour deux sous. Plusieurs solutions possibles, on pose les machins sur son bureau tout bêtement, on les planque derrière le meuble ou… on les mets en rack ! Bah oui, c’est déjà plus présentable. Il faut croire que PMC a vu venir le problème car nos chers britons commercialisent le bien-nommé DSRACK-001 qui permet de ranger convenablement les précieux via un système de fixation par vis bien fichu. Montage horizontal ou vertical, il y a de la place pour toutes les configs même pour les gourmands du multi-canal. Pour moins cher, un bête rack-tiroir de chez Thomann à 10 boules fera très bien l'affaire aussi.




Autre détail à prendre en compte, cette relocalisation demandera un petit achat de câbles supplémentaire… Enceinte passive oblige, on sort de l’ampli pour attaquer directement le crossover de l'enceinte via câble haut-parleur speakon, autrement dit fiches Neutrik NL4. Le dernier standard du constructeur est intitulé NL4-FX, aussi je vous conseille celle-ci, ça durera toute la vie. Petit soucis, la fiche présente sur le coffre étant mâle et l’entrée ampli femelle, il vous faudra un câble de même configuration… Cependant c’est quasiment introuvable dans le petit monde du speakon où le mâle/mâle règne en maître, aussi vous faudra-t-il un petit coupleur femelle de référence NL4-MMX. Fastoche !




Il est également possible de jouer du fer à souder directement sur la connectique d’entrée de l’enceinte pour faire une rallonge de câble, mais j’ai préféré garder la configuration d’usine pour une éventuelle revente. Attention cependant, avec le système que j'ai choisi, il sera sûrement nécessaire de dévisser les fiches pour y replacer quelques câbles. Le signal sort de l'ampli sur une fiche speakon 4 points avec un montage parallèle 1+/1- et 2+/2-, tandis que la fiche coudée à l'arrière de l'enceinte ne reçoit le signal que sur la paire 2+/2-, autrement dit la paire 1+/1- ne reçoit rien du tout au niveau de l'enceinte. Les câbles speakon qu'on trouve dans le commerce sont toujours relié par défaut au bornier 1+/1-, il faudra mettre un petit coup de tournevis (pas de soudure) pour remettre tout ça en place sur le 2ème bornier, et autant le faire à chaque extrémité de câble. Ce n'est qu'en démontant tout ça que j'aie découvert la chose, PMC m'a plus tard confirmé que ce n'était qu'à cause d'un problème d'accès au bornier 1+/1- sur la fiche coudée que ce choix avait été fait. A croire qu'outre-manche ils ont tous des paluches de bûcheron car c'est accessible au plus humble des stagiaires haha!


Les plus courageux enlèveront la fiche coudée pour faire une rallonge de câble, tout simplement!


Voilà ! Donc mine de rien ce petit changement de config a un coût, mais c’est le prix de la sécurité si vous voulez garder vos précieux amplis pour pas mal d’années ! Enfin, du moins si la tentation ne l’emporte pas avant, car cet an 2014 a vu l’avènement de la toute nouvelle gamme two-two qui remplace donc les DB1 et TB2 ! Design permettant une position couché/debout, DSP interne, entrée numérique, toujours l’excellente technologie ATL et surtout une véritable conception active cette fois avec donc deux amplificateurs internes dédiés. Déclinée en 3 modèles, cette nouvelle gamme ne réinvente rien dans sa conception mais met les anciennes séries au niveau technologique actuel, pour un prix qui a également pris du grade malheureusement… Une petite série d’écoutes chez Studio Dealers a vite confirmé tous les espoirs que l’on pouvait placer dans cette nouvelle gamme… la two-two5 et son gabarit super-réduit tient la dragée haute à sa concurrente de chez PSI et n’a pas grand chose à envier à la super-analytique AML1 ! Une franche réussite à laquelle il ne manque qu’un peu d’assise dans le bas-medium, chose qui s’arrangera sans doute en choisissant le modèle sup alias two-two6.

Un jour elle sera mienne… Ooooh Oui… Un jour… etc… 


mercredi 4 juin 2014

Les jumelles s'en mêlent - test des TWIN6 BE de chez Focal

Il est des grosses boites que l'on croise souvent, que ce soit sur divers lieux de travail, chez de simples passionnés ou parmi les galeries de photos de studio qui font rêver de par le monde. Les Focal Twin6 font partie de ces formes familières que l'on ne fait parfois que dévorer de l'oeil avec convoitise... Grand bien m'en fasse, j'en ai désormais une (grosse) paire depuis quelques 10 mois, l'instant est donc opportun pour livrer ces joujous de bois devant le tribunal de l'écoute et de l'analyse à peu près objective. A l'heure où les toutes nouvelles SM9 s'affichent comme une nouvelle référence dans la catégorie des 3 voies de mi-proximité, que reste-t-il à ces ancêtres de 2006 ???


Design intemporel.



Le premier contact est visuel, et l'habillage d'acajou vient nous rappeler que ces braves petites affichent déjà une dizaine d'années au compteur! Lourdeur manifeste et symptomatique des modèles 3 voies, la Focal affiche 20 kilos pièce (ce qui nous fait 75Euros du Kilo, à peine moins cher qu'un bon foie gras périgourdin), un premier contact à bras le corps assez rassurant donc, qui vient nous rappeler qu'un bon coffrage et une électronique solide, ça doit être lourd. La finition des bois est impeccable, presque luxueuse, tout comme l'assemblage de l'ensemble, à toute épreuve, rien ne bouge et la grosse plaque de métal venant orner le cul de la machine parachève la robustesse du monolithe. Les HPs sont solidement fichés dans une couronne semblable à de la roche très dure, elle-même vissée sur 6 points, tandis que le tweeter s'ancre dans une jolie plaque d'aluminium. Bref, on est pas dans du premier prix, c'est un fait. Là où le poids des ans peut se ressentir, c'est par rapport aux alliages utilisés pour la confection des HPs... Appelé au catalogue matériau composite, c’est surtout du carton, du papier, et du caoutchouc en guise d'amortisseur de membrane. C'est donc le grand grand classique de la construction d'enceinte depuis bien longtemps, mais ça n'est plus vraiment le cas de nos jours où des matériaux plus exotiques semblent prévaloir, parfois dans des critères esthétiques, parfois pour améliorer le facteur d'amortissement de membrane et sa distorsion naturelle. Bref, ça faisait assez longtemps en fait que je n'avais plus mis la main sur des enceintes construites ainsi, moins modernes dans la conception certes, mais en aucun cas inférieures à ses homologues plus récentes, n'oublions pas que les fibres de papier/carton, de par leur légèreté, sont garantes d'une tenue transitoire de haut vol. Le tout, c'est de ne pas leur donner de coup ou de laisser votre chat faire ses griffes dessus, sinon bonjour l'embrouille... L'absence de grille de protection rendent ces deux rondelles d'autant plus vulnérables. Tout aussi fragile mais bien ancré dans l'esprit de la marque jusqu'à nos jours, le tweeter à dôme inversé porte fièrement son étiquette Beryllium, métal rare et coûteux auquel Focal accorde un intérêt particulier pour ses qualités de diffusion.



 Chez moi !


Autre prix de l'ancienneté, le rôdage. Si certains modèles actuels pourraient presque s'en passer (certaines références travaillant en classe D notamment), sa nécessité est ici indiscutable, la faute sans doute aux matériaux fragiles utilisés, et n'espérez pas avoir le coup de foudre dés les premières écoutes, tant le comportement de l'enceinte est aléatoire durant cette période, l'écoute de mes premières voix fût une horreur, le tweeter délivrant un son métallique assez affreux. Donnez leur donc du nectar pendant de nombreuses heures... jazz nocturne, musique de chambre, puis électro minimaliste et autres sources de rock pour éveiller les attaques d’ampli, tout en douceur, sous peine de leur faire vraiment du mal. Au fil des jours, les grosses mémères se dévoilent malgré tout avec un naturel confondant, les transitoires se réveillent et le bas du spectre commence à bomber le torse. Pas de doute, on est sur de la 3 voies... le bas-medium jouit de cette générosité qui manque aux modèles de monitors de taille plus restreinte. Les deux woofers travaillent de concert pour préserver une échelle dynamique vraiment béton quel que soit le niveau sonore, et c'est une véritable réussite, la dynamique ne peine jamais et cette Twin6 marque bien des points comparé à certaines gammes équivalentes. Un woofer travaille en large bande, tandis que l'autre s'occupe du 40-150Hz, il est d'ailleurs possible de choisir lequel des deux prend en charge le bas du spectre via un switch à l'arrière du chassis, aucun problème vis-à-vis du placement et du sweet-spot donc, bonne idée! Après quelques tests, la meilleure disposition d'écoute selon moi demeure le positionnement horizontal avec les woofers dédiés aux basses sur l'extérieur, l'image est homogène avec la sensation d'un vrai centre et surtout une image stéréo d'une précision chirurgicale. L’amplification est richement dimensionnée et permet à l’enceinte de s’exprimer dés 40Hz avec une réserve en puissance qui permet de bosser bien à l’ombre de toute distorsion. Développée autour de la technologie Bash autour du grave/medium via un relai de 2 amplis de 150wattsRMS chacun, l’image sonore tient toutes ses promesses jusqu’à 1kHz, le bas du spectre est vraiment superbe et rien ne semble traîner, un régal pour l’écoute de Cds! Focal affirme que ce dispositif permet de disposer d’une qualité d’amplification AB conjointement au rendement qualitatif propre à la classe D. Soit, j’aurais aimé en savoir plus d’un point de vue électronique (c’est pas faute d’avoir cherché), mais le fait est là, ça marche très bien, tant pis pour les maths. Au delà du kilo de Hertzs, un ampli classe AB de 100WRMS prend le relai, largement efficient pour la partie du spectre la moins énergivore.


Allah verticale ça peut le faire aussi.


Et la suite? Et bien je dois bien avouer que je n'ai plus rien à ajouter... Si je vante tout autant les mérites des gammes de chez PMC, PSI ou Klinger Favre, ce sont quand même des enceintes particulières dont le caractère résolument analytique peut demander un moment d'adaptation non-négligeable. Avec ces Twin6be, je me suis retrouvé dés les premiers mixages en terrain familier... Peut-être est-ce dû au fait que je suis déjà habitué aux gammes CMS et autres colonnes hifi de la marque, mais j'y ai retrouvé tout ce que j'apprécie chez ce constructeur, et je n'ai fourni aucun effort d'appréhension dans le cadre de mes travaux TV/cinéma. Cette paire chiffrée à 3000euros s'oublie presque instinctivement et la réponse en fréquence ne laisse aucun point d'ombre possible dés lors que l'on maîtrise bien ses outils. Certains pourront peut-être lui reprocher une certaine forme d'austérité musicale ou son caractère un peu "montant" dans le haut-medium (flagrant sur des instruments saturés), mais en aucun cas ses caractéristiques fréquentielles et dynamiques ne peuvent faire l'objet de reproches formels... Pour qui a l'habitude de bosser sur de la 2 voies de proximité et veut monter en gamme, la Twin6be fait sans aucun doute figure de plus-value réelle, et incarne peut-être bien le choix de la sagesse comparé aux modèles équivalents de chez Adam par exemple, pour lesquels j'ai bien plus de doutes à formuler. Je ne les utilise que dans le cadre de la post-production, mais je n'ai aucune réserve quant à leur exploitation musicale, qu'elle soit professionnelle ou domestique. On peut d'ailleurs rêver d'un ensemble multi-canal basé sur ces beaux coffres, l'adjonction avec les Solo6 et un bon vieux Sub doit forcément àtre miraculeuse. Bon, et puisqu'il faut quand même relever un point noir, en voici un: malgré les dires du constructeur, ces enceintes semblent ne pas être blindées magnétiquement! Autrement dit, éloignez vos iPhone et autres chinoiseries (bizarrement mon htc ne leur provoque rien du tout), voici l'élément déplaisant assez symptomatique d'une enceinte qui commence à afficher son ancienneté... Dommage que Focal n'ait pas jugé nécessaire de faire un petit effort à cet égard, qui fâchera les plus connectés des réalisateurs. (Comment ça ils le sont tous??)




Pour résumer: des enceintes qui manquent de fun, mais un outil de travail rassurant qui ne laisse rien au hasard.

mercredi 16 janvier 2013

PMC : petit mais costaud ?


Cela fait maintenant un an et demi que mon petit couple de Focal s'est trouvé une nouvelle grande soeur en la personne des PMC TB2A-SII suite à une bonne affaire. Autant dire que par rapport à mes vieilles Fostex aux membranes en carton mâché et au spectre tout tordu, c'est un véritable bond en avant qui s'est offert à moi et à mes activités professionnelles. Car les PMCs sont vraiment des enceintes particulières dans leur construction et leur rendu, à vrai dire elles sont le prolongement de la marque, c'est à dire très haut de gamme, en bonne place parmi le fer de lance du Monitoring audio sans compromis, et qui a maintes fois fait preuve d'audace dans la conception de ses produits alors que les grandes marques peinent un peu à se renouveler. 


Ils se la pètent, mais ils ont le droit.

Appliqué à la fois dans le Monitoring et la Haute Fidélité (très) haut de gamme, PMC a par le passé sorti des modèles d'exception qui ont fait référence, à l'image des incroyables BB5X, des gigantesque enceintes 7voies, que j'ai eu la chance d'écouter à plusieurs reprises au Studio de mastering Electric City en compagnie d'Alan Ward, même si le bougre écoutait ses sources avec un niveau semblable au démarrage d'une fusée ou à l'atterissage d'un porte-avion en chute libre, dur! Si la technologie d'une enceinte est toujours la même depuis des dizaines d'années, ce sont les matériaus employés (bois, membranes, suspensions) et la conception du coffrage qui retiennent toute l'attention des ingénieurs anglais, et chez PMC, et bien c'est... particulier. Un petit historique s'impose, car oui, c'est qu'elles ont une histoire ces enceintes, riches d'un background technique et conceptuel de 12ans! 
 BB5 XBD-A, probablement une des enceintes les plus terribles de l'univers de la mort qui tue sa reum'


Le premier modèle sorti en 2001, sobrement nommé TB2 (Tiny Box) est une enceinte passive 2 voies alors destinée aux petites cabines, et aux budgets plus restreints, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a fait date! Le genre d'enceintes dont parlent avec nostalgie les vieux baroudeurs des studios, qui ont apprécié l'exceptionnelle tenue en fréquence, la restitution des transitoires et la puissance délivrée par ces enceintes, qui dans la plupart des cas étaient associées à un ampli Bryston 2x120w, marque très proche de la firme anglaise, connue pour ses étages d'amplification de très haut niveau. La technologie ATL, "Acoustic Transmission Line", présente sur toute la gamme du constructeur, est naturellement au coeur de ces vénérables TB2... et ce précieux brevet, c'est un peu le bébé de PMC, une technologie dont le groupe anglais se garde bien de dévoiler tous les secrets, car elle est garante de son statut d'exception au sein du marché. Alors concrètement c'est quoi? Et bien, c'est un peu comme les labyrinthes acoustiques parfois utilisés dans le Bass Reflex, sauf qu'au lieu de gonfler artificiellement le grave, l'ATL va le "charger"... Le but étant de le mettre parfaitement en phase avec le reste du spectre, en évitant la moindre trace de distorsion et d'irrégularité fréquentielle. Physiquement, on a donc affaire à une "ligne" d'air interne au coffrage, souvent avec très peu de virages, et tapissée d'un mousse haute densité destinée à épurer le signal basse fréquence de ses "traînages" et autres résonnances. Le tout pour arriver à ce que le constructeur apelle une "Drive unit" de basses fréquences. Le résultat, un spectre hyper étendu par rapport à la taille du diffuseur, un rendu transitoire chirurgical et une distorsion proche du zéro, pour un punch spectaculaire et garanti 0% coloration dans tout le tiers inférieur du spectre. Bref, une petite révolution à l'époque.


La famille 2005, TB2SA et les petites soeurs, DB1SA, toutes aussi canons!

2005 arrive, et il est temps de renouveler l'entrée de gamme de chez PMC, les TB2 vont alors se transformer en enceintes actives, les TB2S-A chacune affublée d'un ampli de chez Flying Mole. Mais décidément la marque ne fait jamais comme tout le monde, et plutôt que d'affubler à chaque enceinte un filtrage actif où 2 amplis de classe AB prendront le relai après la fréquence de coupure "crossover", l'architecture demeure celle d'une enceinte avec filtrage passif, autrement dit post-amplification, en classe... D !!! L'amplificateur, du haut de ses 100 watts, traite donc le signal dans son entièreté, avant d'attaquer le filtrage, dont les composants ont été revus pour l'occasion. Cet ampli est donc entièrement découplé du coffrage et situé à l'arrière de celui-ci... d'une taille très modeste et garni d'un ingénieux relai de dissipateurs thermiques, il n'encombre pas trop le volume global du produit, qui demeure passe-partout. le signal attaque l'ampli via prise XLR, dont la sortie est reliée à l'enceinte via une fiche Speakon 4 de chez Neutrik, de la bonne came donc. Et ce changement radical, et bien il a eu ses adorateurs, et ses détracteurs, qui regrettaient amèrement leur bon vieux ampli Bryston, lequel était capable de délivrer bien plus de jus que son nouvel homologue double mono en classe D. Si je n'ai pu vérifier la chose par moi-même, tout le monde s'accordait néanmoins à dire que hormis l'amplification, les quelques améliorations apportées à l'enceinte étaient bénéfiques... nouveau Tweeter soft dome, filtrage et crossover remaniés, architecture interne légèrement changée, PMC progressait encore dans l'excellence de sa restitution. Reste que cette série a quelque peu souffert de la réputation de ses amplificateurs, qui ont connu un taux de retour SAV plus élevé que la normale.

Le fameux ampli flying Mole...


2010 !!! Flying Mole a déposé le bilan, et PMC cherche un nouveau partenaire pour concevoir l'ampli qui allait avoir l'honneur d'alimenter la nouvelle mouture de son fleuron near-field. Mais les anglais soint pointilleux, et n'essuient que des déceptions par rapport aux idées proposées par leurs collaborateurs. Qu'à cela ne tienne, ils allaient désormais devenir concurrents! PMC décide de prendre en charge la conception et l'assemblage de son nouvel ampli, dont il reprendra les bases de son prédécesseur signé Flying Mole. Design et modularité identiques donc, classe D toujours, sauf que la puissance double pour aller sur une nominale de 200Watts!!! Ceux qui regrettaient le Bryston vont en prendre pour leur grade affirme PMC, qui profite de cette 2ème actualisation pour opérer quelques autres changements discrets dans l'électronique plus haut de gamme du filtrage, crossover, et encore une fois quelques ajustements de matériaus et de design. La facture s'alourdit et les désormais nommées TB2S-AII ne sont plus si proches de l'entrée de gamme comme ce fût le cas en 2001... Bon, voilà, maintenant on peut passer à l'objet en question! 
 

Je ne vais pas faire dans la redite, car ce cru 2011 reprend la même architecture que ses soeurs aînées, donc ampli à l'arrière, pas d'évent, dissipateurs thermiques, tweeter papier (donc fragile), boomer 5", et un bien joli coffre... Le bois est d'excellente qualité, très lourd, il est traîté avec un revêtement haute densité de plastique très doux, le switch on/off ainsi que le volume sont disposés au sommet arrière de l'enceinte, pratique. le tout respire la qualité (et son poids!), une simple caresse transmet une singulière sensation de haut de gamme. Petit détail que je n'ai pas précisé, ces amplis situés à l'arrière sont disponibles à la vente séparément. De quoi actualiser une vieille paire de 2001, ou dépanner sérieusement si un des amplis rencontre un problème, éventualité assez indésirable.


 I'm sexy and I know it

Et alors, à l'écoute ça donne quoi? Et bien pour ma part le constat est simple, à ce tarif, je n'ai absolument rien à redire concernant cette enceinte, tous les critères auxquels j'attache de l'importance sont infiniment respectés, le bonus étant les nombreuses petites surprises qu'elles ont été à même de me fournir généreusement. Tout d'abord, l'image stéréo est impeccable, le moindre mouvement panoramique est discernable, et on a la délicieuse perception d'un véritable centre, comme une enceinte centrale virtuelle qui fait vraiment bloc de plein front. Ensuite, le sweet spot est très généreux en largeur, mais également en hauteur! Chose assez surprenante pour du near/mid-field, habituellement si directif... Idem pour la dynamique et le volume sonore délivré, c'est du très très lourd, le test incontournable du Boléro de Ravel s'en tire avec tous les honneurs, des débuts chuchotants et une fin explosive où on est scotché par la puissance de sortie de l'ampli, qui semble faire fi de toute distorsion malvenue, ces enceintes ont une patate incroyable. Concernant la tenue en fréquence, c'est une véritable autoroute bien goudronnée et sans la moindre aspérité discernable à l'écoute, on a un aigu riche de détails sans la moindre pointe d'agressivité, un medium plein et généreux, et des superbes basses en guise de cerise sur le gâteau, d'un volume incroyable pour cette taille de coffrage modeste, les infras se dévoilent dès 40Hz au moindre toucher de contrebasse, une véritable bénédiction.

Mais ce spectre fréquentiel, si droit soit-il, n'est que le plateau d'argent qui nous sert le véritable plat principal de PMC: la tenue transitoire. Et là, putain c'est la claque... Sur l'entiereté de la plage fréquentielle, on a droit à une définition tout bonnement stupéfiante, sans que rien ne bave, sans que rien n'agresse outrageusement. La relecture d'un gros disque de Rock surproduit est une redécouverte singulière, les gros coups de caisse claire forment des pics d'énergie dès les 200Hz, les Kicks n'encombrent plus que leur espace dédié, les murs de cordes puisent leur puissance de l'infra jusqu'au souffle analogique des amplis. Bref, on a une réelle sensation d'attaque chirurgicale où le moindre petit pic de la forme d'onde est traduit par des vibrations dans l'air... Cette tenue dans les transitoires est également gage de précision accrue et le contrôle des micro-informations contenu dans le signal en jouit totalement, montées de souffle, queues de reverb, grésillements des instrus électriques, overdubs, pistes superposées, absolument rien n'échappe à ces bêtes noires, qui vont de par leur manque total de coloration sérieusement malmener vos acquis et qui n'ont pas leur pareil pour révèler tous les défauts d'un mixage qui passait alors sans encombres sur des systèmes moins puissants. Bref, la technologie de mise en phase via l'ATL fait des merveilles, et offre un niveau de performances qui est normalement l'apanage de gammes bien supérieures. C'est vraiment le terme de "mise en phase" qui en met plein les oreilles ici et dont l'appelation est parfaitement justifiée, tant chaque attaque d'instrument, chaque note percussive trouve sa place dans le spectre sans traîner, sans que plus rien ne se chevauche. Le plus incroyable, c'est que cette puissance, cette tenue transitoire et fréquentielle, elle est constante quel que soit le niveau d'écoute... Là où j'avais tendance à pousser mes potars lors d'une relecture importante, j'ai désormais l'esprit plus tranquille, et les oreilles qui sifflent moins. S'il n'y avait qu'un mot à retenir des DB2A, ce serait ANALYTIQUE.





Vous l'aurez compris, pour écouter de la musique c'est carrément fendard. Et pour le boulot alors? Et bien tout naturellement voici une arme redoutable pour trifouiller de l'EQ paramétrique, les composantes indésirables d'une voix apparaissent sans effort, pops, plausives, sifflantes, bulles et respirations polluées... on passe du coup beaucoup plus de temps à les nettoyer! Le prix à payer face à tant de précision, c'est que l'on devient du coup un peu maniaque... J'ai noté également un bien meilleur travail effectué sur les effets temporels, il m'est désormais beaucoup plus aisé de faire la différence entre 2 reverbs d'apparence assez similaire et mes travaux en post-production en ont largement profité, déterminer l'empreinte acoustique d'un lieu, qu'il soit domestique ou naturel, n'a jamais été aussi facile. Et de par leur dynamique étendue, mon ressenti et mon expérience s'est nettement améliorée face à la gestion du Loudness, où j'ai vraiment de plus en plus tendance à relever mes seuils de compression pour laisser les voix s'exprimer avec moins de retenue, quitte à aller chatouiller les -3dBFS. De toute manière, avec des transitoires que l'on ressent nettement à l'écoute, et un peak-mètre plasma de précision, je n'ai plus aucune excuse de ne pas me laisser aller aux joies de la dynamique décomplexée! On décompresse, on lève le pied, et mesdames PMC prennent soin de vous fournir une alerte sonore équivoque au moindre faux pas. La largeur du sweet spot plaira au client, qui n'éprouvera plus le besoin de vous coller au cul au centre de la pièce, et l'excellente tenue de l'enceinte même à des faibles niveaux d'écoute, vous épargnera des maux de tête carabinés, travailler 10h par jour devant ces jolies monolithes ne pose aucun problèmes de fatigue auditive. Et mes CMS40 alors? Et bien elles sont reléguées au stade d'écoute secondaire de contrôle, mais demeurent réellement précieuses pour un travail de précision où le grave n'a pas à intervenir (restaurationn audio entre autres!), bien que plus agressives elles n'ont pas à rougir face aux PMC dans le domaine de l'aigu, quant au reste du spectre, il n'y a évidemment pas photo, la taille du baffle donne inévitablement lieu à un medium bien plus étriqué, et un grave qui semble du coup inexistant. Cela dit, elles demeurent indispensables à mes habitudes, j'ai ENFIN un tandem de choc qui ne peut donner lieu à aucune mauvaise surprise.

Bon, bah voilà quoi... en même temps, c'est du 3000 boules la paire... (mais pas en occasion!) et si on a la certitude avant même l'écoute de passer à la vitesse supérieure, c'est réellement gratifiant de découvrir au fil des semaines ces petites surprises auxquelles on ne s'attendait pas forcément. Pour ma part ces "petites" PMC feront partie de ces enceintes qui bousculent les choses pour les remettre dans le droit chemin, le genre d'étape à partir de laquelle tout retour en arrière est strictement inenvisageable. Pour la taille de ma pièce c'est tout simplement parfait, même si l'acoustique gagnerait à faire un level-up, et je ne vois pas l'intérêt de monter en gamme au sein de mes activités actuelles. Les modèles du dessus chez PMC, soit les AML1, sont encore plus impressionnantes, mais elles sont vraiment analytiques à l'extrême, et pour le coup, la découverte est choquante, comme j'ai pu en faire les frais dans le studio de mixage du groupe Deus (bon ok ils étaient pas là, c'était juste pour me la péter un peu), bref, le genre de produits qui a sa place en cellule de mastering, et pas grand intérêt ailleurs... Concernant les concurrentes directes, à vrai dire elles sont plutôt rares, et c'est du côté de marques plus exotiques comme Klinger Favre que l'on pourrait trouver une équivalence, à mon sens les véritables prétendantes au trône sont les Event Opal, aussi moches qu'excellentes, ou encore les Klein & Hummel 300, modèles 3 voies un peu plus chères qui sont également de très haute volée. Non vraiment, pour envisager un bond qualicatif, c'est peut-être du côté des incroyables Focal SM9 qu'il faudrait voir... mais pour un tarif presque doublé!


Event Opal, design fail ???

Bref, je crois que ces PMC TB2A-SII font tout simplement partie des meilleures enceintes disponibles sur le marché, et je compte bien en profiter durant de lonnnnngues années! Si seulement je pouvais ne plus travailler ailleurs sur des Genelecs... :/